mercredi , 1 mai 2024
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Le ministre des Finances et du Budget a avancé une prévision de croissance de 0,7% en 2009. Il est vrai que c’est très en-deca de la prévision établie dans la loi des finances mais cela reste positif. Il y a donc eu croissance en 2009. La bonne nouvelle ne reflète pas une situation économique qui ne cesse de dégringoler.

Une croissance 0 mais positive en 2009, une appréciation optimiste de la crise ?

Le nouveau ministre des Finances et du Budget est-il aussi optimiste que son prédécesseur. L’efficacité de l’administration Rajoelina devait être sa faculté de gérer un pays en crise par une politique d’austérité et un appel à d’autres investisseurs et bailleurs de fonds. Le résultat n’est pas reluisant. L’annonce d’un taux de croissance positive de 0,7% est presque une bonne nouvelle, un miracle vu le ralentissement économique dans le pays. La propagande pour un véritable développement économique et social lors de la prise du pouvoir au début de la crise politique s’est avéré comme une simple… propagande.

Le coup d’Etat et l’enlisement de la crise politique à Madagascar ont coûté au pays sa croissance économique. Déjà sur une pente fortement ascendante ces cinq dernières années, l’économie a fait un recul net de 6,8%, si l’on en croit l’estimation du ministère des Finances et du Budget (MFB). La cause la plus évidente a été la suspension des aides et financements des bailleurs de fonds. En 2009, on n’a pas enregistré une pluie de millions de dollars d’investissement malgré un passage très promoteur d’un prince d’Arabie Saoudite. Les gros projets miniers portent le pays à bout de bras, assurant principalement la réserve de devise.

Pour rectifier le tir et retrouver le chemin de la croissance, le ministre Hery Rajaonarimampianina anticipe le retour des bailleurs de fonds. Le budget 2010 comptera sur les aides budgétaires et le dégel des financements de programmes de développement. Au total, une contribution étrangère de 1000 milliards d’ariary est espérée. Le ministre des Finances et du Budget ne va pas privilégier l’option fiscale qui ne ferait que ralentir davantage l’économie. En clair, la pression fiscale ne sera pas artificiellement augmentée, de même, l’Etat ne va pas décréter des hausses dans les taxes ni dans les impôts. Par contre, le MFB va continuer la politique d’élargissement de l’assiette fiscale.

Crise économique

Le recul de la croissance économique est illustré par la crise de l’emploi à Madagascar. La représentation du BIT estime à 228 000 le nombre d’emplois perdus après l’éclatement de la crise politique dans le pays. Avec toujours la perspective de la perte de l’éligibilité à l’AGOA, ce chiffre peut dépasser les 300 000. Le chômage technique touche périodiquement les entreprises tous les ans. En 2009, elles sont 514 à le déclarer auprès du ministère du Travail, soit plus du double qu’en 2008. Le secteur tertiaire est le plus touché avec plus de 75% des pertes d’emplois tandis que le secteur primaire, plus informel, est presque épargné. Par contre, l’effondrement des cours des produits de culture de rente contribue au ralentissement de l’économie.

Dans cette économie ralentie, le secteur des transports a été durement touché. La baisse des déplacements des biens et des personnes est aussi bien une cause qu’un effet de la décroissance. En général, la consommation de carburants a chuté. Le secteur touristique ne se relève pas encore de la crise avec une baisse de 70% des fréquentations. Pour ne rien arranger à la crise économique, les banques ne réagissent pas face à une situation de surliquidité. La prudence est de mise du côté des clients qui n’investissent pas, tout comme du côté des établissements financiers qui ne prêtent pas facilement dans un contexte défavorable. S’il y avait une leçon à retenir de la crise 2009, c’est de ne jamais croire à une promesse de développement économique faite pour justifier un changement de gouvernement de manière anticonstitutionnelle.