mardi , 7 mai 2024
enfrit
Fini la diplomatie de salon. Les diplomates doivent être aussi des négociants a insinué le président Ravalomanana.

Une diplomatie active et conséquente

Dans le contexte qui prévaut depuis le 6 mai 2002 « la France et Madagascar développent des relations de qualité » a déclaré le Premier ministre Jacques Sylla. On n?est pas sans savoir que ces relations ont passé par des hauts et des bas, mais le chef du gouvernement n?a pas voulu situer dans quelle phase sont-elles aujourd?hui, c?est-à-dire après la réunion des « Amis de Madagascar ». A la pertinence d?une consoeur de la presse étrangère, Jacques Sylla a tout simlement indiqué qu?il n?était pas opportun de procéder à une analyse complète des rapports de Madagascar avec la France et les Etats-Unis. Une manière comme une autre de ne pas rendre public des appréciations que la diplomatie et la géostratégie du Sud Ouest de l?Océan Indien n?autorisent pas.

Il n?empêche que la vive compétition à laquelle se livrent les Etats-Unis et la France auprès de l?Etat malgache ou dans les coulisses des institutions et les salons, saute aux yeux ; elle n?échappe pas à l?opinion publique. La visite inopinée du ministre français des Affaires étrangères, le rappel de l?ambassadeur de France pour être muté au Quai d?Orsay, l?offre de service des vedettes rapides pour compléter celles annoncées par les Etats-Unis, sont autant de signes de cette concurrence. Les Américains en tout cas souhaitent étoffer et affiner les relations avec les Malgaches. La tournée tananarivienne, voici quelques semaines, d?une citoyenne des Etats-Unis auprès des composantes de la société civile et de la société politique malgache, en dépit de son caractère privé est une manière pour le centre culturel américain d?appuyer davantage le mouvement pour le changement.

Afin donc de ne pas heurter les sensibilités, le Premier ministre Jacques Sylla a justifié cette qualité des relations franco-malgaches par le fait que c?était la première fois qu?un Premier ministre français reçoit un Premier ministre malgache. C’était également la première fois qu?un président du Sénat français accueille lui aussi en son palais un Premier ministre de Madagascar. Des gesticulations diront certains. Mais elles ont toutefois été suivies d’actions concrètes. La France, conformément aux déclarations de l’ambassadeur De Laboulaye le 14 juillet dernier à Ivandry entend vraiment demeurer le premier partenaire de Madagascar et elle a offert 150 millions USD le 26 juillet. Elle a insisté sur l’intérêt qu’elle accorde dans le cadre de cette coopération franco-malgache aux départements des Finances, du Budget et à la Justice.

C’est sans doute dans cette optique qu’il faut admettre l’assistance technique française dans la supervision et le contrôle des finances et des banques. Une pratique compréhensible pour la diplomatie, mais qui est de plus en plus critiquée dans les milieux d’affaires malgaches, en tout cas chez les nouveaux aux dents longues qui soupçonnent une certaine pratique discriminatoire en faveur des « amis » ou des « membres du réseau ». Il faut comprendre que les offensives américaines de ces derniers mois y sont pour quelque chose. Après « Jean Marc » et les autres, voici que l’ancien maire de Baltimore, ami de Marc Ravalomanana, vient de lui recommander des conseillers américains qui évoluent dans les domaines de l’industrialisation, de l’appui à la promotion du secteur privé et de l’AGOA.

Bref, la diplomatie malgache est aujourd’hui des plus sollicitée car il n’y a pas que la France et les Etats-Unis. Il y a aussi la Chine, l’Ile Maurice, l’Allemagne, le Japon, la Suisse, la Grande Bretagne, l’Inde, l’Espagne et les autres, sans parler des pays du sud-est asiatique. Tous souhaitent raffermir les relations avec l’Etat malgache et tirer le meilleur parti d’un partenariat avec Madagascar en cette période de reconstruction, d’urgence et de développement rapide. C’est la raison d’Etat et pour l’équilibre des rapports que Marc Ravalomanana a lancé publiquement le 7 juillet 2002, un appel à l’aide à tous les pays amis à équiper le pays en engins des Travaux publics ou autres. On s’attend à ce que l’exemple allemand, par lui expérimenté alors qu’il était encore maire de la capitale fasse école. Rappelons que les Allemands, à titre privé, avaient équipé gratuitement la mairie en divers équipements (bacs à ordures, camions bennes, ambulances, camions dépoussièreuses, panneaux de signalisation)