vendredi , 3 mai 2024
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Une dizaine d’hommes en tenue civile avec un élément en tenue militaire ont procédé à une arrestation musclée dans les locaux de la radio Fréquence Plus sis aux cités des 67 Ha. Samedi 14 mai 2010, vers 14h30, ils ont pénétré de force dans le studio, faisant des blessés et détruisant du matériel. Ces éléments de « force » de l’ordre établi sont venus procéder à l’arrestation du fervent opposant à la HAT, le légaliste Ambroise Ravonison.

Violente arrestation d’opposants à la HAT dans le studio d’une station de radio

Stupeur et indignation, c’est le sentiment partagé par les auditeurs et aussi par famille de la presse. La scène qui s’est produite dans les locaux de la  radio Fréquence Plus dépasse l’entendement. La police politique de la HAT a encore frappé. Les éléments de cette force particulière ont pénétré de force, se privant de présenter un mandat ou d’autre formalité. Ils ont tabassé toutes personnes sur leur passage et détruit ce qu’il y avait à portée de leur main.

Le bilan de cette démonstration de force des autorités fait état de six blessés. Deux techniciens et un journaliste de la radio Fréquence Plus, deux invités de l’émission qui sont Ambroise Ravonison, Dr Joseph Ramiandrisoa et un ami médecin, le Dr Harison Razafindrakoto, qui l’accompagnait. Ce dernier a été le plus gravement blessé et a été envoyé à l’hôpital pour se faire soigner avant de pouvoir rentrer chez lui. 

Tonton Ambroise et le Dr Ramiandrisoa n’ont pas eu cette chance et ont été emmenés de force. Plus tard dans la soirée, on a appris qu’ils sont à la gendarmerie de Fiadanana pour enquête. Les éléments en tenue civil seraient-ils de la gendarmerie, l’on ne sait pas encore. Normalement, ce type d’arrestation politique est l’apanage de la force d’intervention spéciale, la police politique officielle de la HAT. La manière de procéder à l’arrestation a causé un traumatisme collectif puisque l’événement a été largement couvert par les médias.
 
Fréquence Plus a invité Ambroise Ravonison de la mouvance Ravalomanana, Dr Joseph Razafindrakoto de la mouvance Zafy et Pierre Andrianantenaina de la mouvance Rajoelina qui est aussi membre de la HAT. Les deux premiers ont été tabassés puis emmenés de force par les assaillants. Le troisième a été épargné. « Ils ont demandé où j’étais, raconte-t-il laissant entendre qu’il aurait aussi pu faire l’objet de violence. Mon garde du corps a vite réagi et m’a emmené dans une cachette ». Il regrette cette procédure d’arrestation violente mais n’ose pas la condamner, précisant qu’il parle en tant que personne mais pas en tant que membre de la HAT.

Le directeur de publication de la station qui, ironie du sort, est l’un des conseillers du premier ministre de la HAT le général Camille Vital, condamne cette intrusion de force dans le studio et la destruction des matériels. « S’ils ont demandé à arrêter ces personnes, nous ne nous y serions pas opposés, dit-il avec amertume. Ces gens ont invités dans le cadre d’un débat contradictoire ».

Après cette exhibition de violence contre un média, Fréquence plus risque-t-elle d’être sanctionnée d’avoir donné la parole à des anti-HAT au lendemain de la mise en garde par le… général Vital. Le premier ministre a prévenu que des mesures fermes seront prises contre tout mouvement d’opposition dans la nouvelle transition présidée par un Andry Rajoelina non candidat potentiel à la présidentielle.