samedi , 4 mai 2024
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Ca décrète à tout va au sommet de l’Etat. La HAT, ainsi est redevenue la présidence de la transition a du mal à imposer son nouveau premier ministre. Nommé au lendemain de l’officialisation de la vacance d’un poste assuré par un intérim jusqu’à l’élection législative, le colonel Albert Camille Vital tâtonne et compte sur une passation de service même symbolique avec le premier ministre de consensus Eugène Mangalaza qui a introduit un recours au tribunal administratif.

Zizanie à la primature, la HAT empêtrée dans ses décret et ordonnances

Albert Vital est le quatrième premier ministre nommé par Andry Rajoelina en neuf mois de transition si l’on compte l’officialisation éphémère de l’intérim assurée par la ministre de l’Intérieur Cécile Manorohanta. Il est donc compréhensible que le colonel essaie de sauver les apparences. Il a confié que maintenir les ministres et les vice-premiers ministres nommés sous Roindefo II serait un signe de stabilité. « Changer un gouvernement pour trois mois, est-ce que cela convient à la bonne gouvernance », se demande Albert Vital.

Le premier ministre nommé unilatéralement par Andry Rajoelina a pourtant l’intention de proposer un gouvernement militaro-civil. L’armée avait déjà une équipe gouvernementale toute prête au cas où les politiciens, en particulier la mouvance Rajoelina, devaient lâcher le pouvoir. Le colonel Vital sonde l’opinion et parle au conditionnel. En tout cas, les propositions sont déjà concrètes. Au total, sept officiers supérieurs sont pressentis pour intégrer le gouvernement Vital.

Quelques ministres « civils » pourraient être mis sur la touche. Andry Rajoelina va-t-il se débarrasser des ministres supposés venir des autres mouvances ou au contraire maintenir cette impression d’inclusivité. En nommant unilatéralement un premier ministre militaire, le président de la Haute Autorité de l’Etat écarte de facto les trois autres mouvances. Garder les Cécile Manorohanta, Alain Tehindrazanarivelo, Maharante Jean de Dieu, Alain Andriamiseza, Mamy Ratovomalala… n’est plus justifié, d’autant que leur mouvance d’origine ne les reconnaît pas.

Pour le moment, le souci du premier ministre Albert Vital est de clarifier les choses avec son prédécesseur Eugène Mangalaza. Rentré de Maputo après avoir figuré parmi les indésirables et exilés forcés, l’homme de la mouvance Ratsiraka conteste son limogeage. Ses avocats ont introduit un recours au tribunal administratif. Logiquement, mais ce n’est que la logique, cette juridiction devrait suspendre l’application du décret de nomination du colonel Vital. Eugène Mangalaza rend donc à son successeur le coup que son prédécesseur lui a fait. Il ne compte pas se faire déloger de Mahazoarivo aussi facilement, estimant que c’est la communauté internationale qui l’a installé.

Sur le fond, la nomination du premier ministre Albert Vital souffre de justification légale. La HAT a beau se rattraper en abrogeant la ratification de la charte de la transition signée à Maputo mais le mal est fait. Dans le camp de Andry Rajoelina, on considère donc le décret et non l’acte signé par les quatre chefs de fil de mouvance qui a valeur de Constitution. Pour nommer le nouveau premier ministre, la présidence de la HAT est obligée de refaire l’histoire, faisant référence à la Constitution puis aux décrets qui selon elle a fait échoir le pouvoir par Andry Rajoelina. La HAT s’enferme dans une spirale de décisions unilatérales, devant sans cesse décréter et abroger.