dimanche , 5 mai 2024
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L’année 2011 a été riche en péripéties dans le domaine politique à Madagascar. La résolution de la crise a voyagé dans les pays de la SADC mais c’est à Antananarivo que la feuille de route a été finalement signée le 17 septembre. Les divergences sur son interprétation ont conduit à une application sélective ou détournée par la HAT. Les mouvances d’opposition ont intégré le processus, mais dénoncent l’unilatéralisme du régime Rajoelina et l’absence d’une gestion consensuelle de la transition. Rétrospective.

2011, la feuille de route de la crise

Au début de l’année 2011, Andry Rajoelina avait annoncé sa ferme attention d’organiser des élections, unilatérales ou pas, car il estimait qu’il fallait terminer la transition avant la fin de l’année. Pourtant, celui qui a été élu maire d’Antananarivo a reçu une prolongation sine die de son statut de chef de l’autorité de fait par la Constitution personnelle qu’il a fait voter pour le permettre de se présenter aux élections présidentielles.

Le mandat accordé par la HCC à Andry Rajoelina suite au coup d’Etat de 2009, appelé par euphémisme juridique un changement anticonstitutionnel de gouvernement, devait se terminer le 17 mars 2011.

Pour ne pas entrer dans un mandat fictif, une sorte de deuxième coup d’Etat contre le peuple malgache, Andry Rajoelina a obtenu un semblant de légitimité quand sa mouvance politique élargie a paraphé la feuille de route de la transition, le 09 mars 2011.

C’était déjà un aveu sur le très peu de crédit sur sa Constitution qui n’a pas été reconnue sur le plan national ni international. La cérémonie du paraphe a marqué la scission de la mouvance Ravalomanana.

Le 10 mars, le gouvernement militaro-TGV du général Vital donne sa démission pour soi-disant laisser place à un gouvernement d’union nationale.  Surprise, le nouveau premier ministre se nomme Camille Vital.

Andry Rajoelina avait ses raisons : seul un militaire pouvait maîtriser la situation et le garder au pouvoir. Les opposants seront encore mâtés. Le 26 mars 2011, le faux gouvernement de consensus est mis en place. On y retrouve des transfuges des mouvances Ravalomanana et Ratsiraka.

Andry Rajoelina se lance alors dans un périple à l’étranger pour demander la reconnaissance internationale et de l’aide pour les élections. Il n’a pas convaincu la SADC mais a reçu les encouragements de la France par le ministre Alain Juppé. Les négociations sur la signature de la feuille de route et les amendements à faire ont trainé jusqu’en septembre.

L’Afrique du Sud a pris les choses en main. Marius Fransman, à la tête de la mission de la SADC, a fait le forcing pour arracher une signature. Ce qui a été fait le 17 septembre. Seule la mouvance Ratsiraka s’est désengagée du processus, convaincue qu’il fallait d’abord résoudre la crise par une réunion au sommet des chefs de mouvance.

La mouvance Ravalomanana a signé malgré une note d’explication qui réinterprète l’article 20, donnant à la HAT le droit d’arrêter le président en exil sous prétexte de l’indépendance de la justice. Le 23 septembre 2011, Andry Rajoelina a enfin pu tenir un discours à l’ONU. Son coup d’Etat de 2009 a été depuis relativisé par le printemps arabe.

Le nouveau président de la transition refuse de prendre les mesures d’apaisement prévues dans la feuille de route, prétextant attendre la volonté du parlement qu’il contrôlera. Auparavant, le premier ministre de consensus a été proposé par la mouvance Zafy qui a eu la mauvaise idée de choisir Omer Berizky qui est issu d’un parti du noyau dur de l’UDR, le principal allié des TGV.

Si Andry Rajoelina devait juste nommer les ministres proposés par le chef du gouvernement d’union nationale, c’est finalement lui qui en a fait la composition. De même, la HAT a désintégré la mouvance Rajoelina pour dominer le parlement de transition.

L’élection de Mamy Rakotoarivelo à la tête du Congrès a été une bonne opération de communication puisque le chef de la délégation de la mouvance Ravalomanana n’y a pas de réel pouvoir, faute de majorité.

L’unilatéralisme de la HAT prévaut toujours, légitimé par la présence des opposants en minorité. Fin 2011, l’application sélective et détournée de la feuille de route par la HAT a créé une nouvelle crise qui est institutionnelle.