mardi , 16 avril 2024
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Le sang versé n?a pas tué dans l?½uf le patriotisme des Malgaches. Le 60e anniversaire de l?insurrection populaire de 1947 pour combattre la colonisation française et pour la quête de l?indépendance a été célébrée dans la dignité cette année. En mémoire des victimes et pour l?honneur des survivants.

29 mars 1947 : 60 ans après l?insurrection, une autre ferveur

Les aînés se sont battus pour obtenir l?indépendance de la Grande Ile. Ils étaient officiellement quelque 90.000 à avoir laissé leur vie dans l?insurrection de 1947. La lutte populaire a été en effet violemment réprimée.


Cette année, le 60e anniversaire de cette lutte malgache d?indépendance qui a coûté de nombreuses vies humaines a été commémorée de façon particulière. Les manifestations étaient plus solennelles : dépôt de gerbes au mausolée et sur la stèle de commémoration des victimes de cet événement, défilé des jeunes patriotes sur la place du 13 mai en guise de signe de volonté de reprise du flambeau du patriotisme et culte en mémoire des victimes à la cathédrale protestante d?Analakely.


En guise de reconnaissance, l?exécutif malgache a décidé d?octroyer aux anciens combattants patriotes survivants de la lutte de 1947 une somme de 25.000 Ariary et 30 kg de riz à l?occasion de cet anniversaire, outre les pensions qu?ils perçoivent régulièrement.


Le président Marc Ravalomanana tenait, lui, à raviver le patriotisme des jeunes malgaches. La lutte change de nature, a-t-il lassé entendre. Les aînés ont combattu la colonisation, la jeunesse actuelle devra lutter pour le développement  du pays.


La nouvelle lutte n?occulte toutefois pas les débats autour du 29 mars 1947. Les archives françaises sur ces événements ne sont pas actuellement entièrement ouvertes aux chercheurs malgré le dépassement du délai de confidentialité.


L?insurrection de 1947, dont le coup d?envoi a été donné le 29 mars continue ainsi de faire couler beaucoup d?encre. S?agissait-il d?une lutte sincère ou d?un mouvement téléguidé par les colons français afin d?éliminer des adversaires politiques ? Le débat suscite toujours autant de passion.


Ce qui est sûr est que, condamnés pour avoir été à l?origine du mouvement, les leaders du parti MDRM (Mouvement démocratique pour la Rénovation Malgache) ont été interdits d?activités politiques et le parti a été, ni plus ni moins, décapité. Les trois députés, Raseta, Ravoahangy et Rabemananjara ont été jugés par la Cour Criminelles de Tananarive. Les deux premiers étaient condamnés aux travaux forcés à perpétuité et le troisième à 5 ans de travaux forcés en 1948 avant d?être graciés finalement, mais pas libérés, en 1949. Les livres d?histoire relèvent par ailleurs le recours à des exécutions sommaires et à la torture pour mater le mouvement populaire malgache.


Rabemananjara, quelques années après sa mort a été catégorique. Il avait bien l?intention de revendiquer l?indépendance de la Grande Ile mais surtout pas par la voie des armes. Certains dirigeants du MDRM comptaient de fait sur d?autres moyens pour y parvenir. N?empêche, ils ont été considérés comme étant l?origine de l?insurrection. L?autre vérité, en effet, est que la majorité des Malgaches ont toujours été contre la colonisation française. Des mouvements secrets contre la présence française existent depuis les premières heures de la colonisation, dès 1895.


La défaite française lors de la deuxième guerre face aux envahisseurs nazis étaient une raison de croire pour les Malgaches que les colons étaient loin d?être des surhumains invincibles. D?où la ferveur de la lutte. Il était alors impossible de faire taire la volonté d?en découdre. Malgré le souhait des pères fondateurs du parti MDRM d?opter pour la voie pacifique, une frange importante des patriotes étaient déjà prêts à prendre les armes. Ce qui explique la durée de la répression. Des centaines de militaires français ont trouvé la mort au cours de la révolte. Des maquisards ont en effet refusé jusqu?au bout de se rendre malgré les moyens dérisoires en leur possession.


En 2007, la vérité n?est pas entièrement dévoilée sur l?événement de 1947. L?essentiel, aujourd?hui, est de retrouver la ferveur patriotique.