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25 mars 2003, Naivo Rahamefy, réalisateur de son état qui a forgé ses armes douze ans durant à la télévision nationale malagasy avant de s'envoler en France, présente en première un doc vidéo de 55 mn. Au centre du sujet, Rainandriamampandry et le MDRM.

29 mars 1947: Une partie de l’histoire à travers un doc vidéo de 55 mn

Le début d' »Iarivo indray mihelatra » (littéralement, Iarivo en un battement d’aile), une ode à la ville des milles avec son paysage et ses couleurs attrayant, égare un peu le téléspectateur qui s’attend dès l’intro à une attaque plus directe et moins? tourisme. Finalement, après quelques minutes de voyage à travers Tanà, habillées par un poème de Dox, Naivo Rahamefy pose ses questions: qui est Rainandriamampandry? Quel est le rôle du Mouvement Démocratique de la Rénovation Malgache. En insistant particulièrement sur l’année 1946. Pour mieux comprendre le 29 mars 1947.



Le réalisateur explique sa démarche:  » j’ai commencé à travailler sur ce film depuis 1994-1995 et boucler le tout dans l’idée de commémorer le 100ème anniversaire de l’exécution de Rainandriamampandry (15 octobre 1896 – 15 octobre 1996). Mais cela n’a pu se réaliser pour différentes raisons. Un jour de l’an 2000, alors que j’ai déjà monté quarante minutes du film, j’ai découvert aux Archives de Tana, lors d’un passage au pays, que le MDRM dans sa lutte contre les travaux forcés, avait fait de Rainandriamampandry sa bannière et son inspirateur. En appelant les Tananariviens à fleurir la tombe de ce général remarquable et ministre royal le 6 Aout 1946, anniversaire du cinquantenaire de la colonisation de Madagascar, dans une ambiance de grève et de campagnes électorales, le MDRM a provoqué un grand débat politique à Antananarivo. Le nom de Rainandriamampandry est revenu sur toutes les lèvres. Pour moi le lien est évident. Je ne pouvais parler du MDRM sans parler de Rainandriamampandry.



Dans ce documentaire, Naivo Rahamefy ne s’attarde plus sur le « soulèvement » et les répressions sanglantes qui ont commencé le 29 mars 1947. Allant à l’encontre de nombreuses thèses jusqu’ici avancées, il ressasse les « faits réels, objectifs qui prévalaient tout au long de l’année 1946 et dont personne ne pouvait contester la réalité », des circonstances qui expliquent la nuit du 29 mars et qui se résument par « la tentative des colons de détourner la volonté populaire par l’organisation d’élections représentatives de janvier 1947, remportées malgré tout par le MDRM ». « En plus de ces faits politiques incontestables, soutient le réalisateur qui penche vers la thèse de manipulation, il y a aussi les procès-verbaux du  » Grand Procès d’Andafiavaratra », le seul document à mon sens digne d’intérêt pour la compréhension des événements. Tout le reste, c’est de la littérature ».



Mais alors, ne peut-on se demander, c’est quoi la vérité du 29 mars 1947 pour Naivo Rahamefy? Comme beaucoup de chercheurs, il avoue une certaine impuissance et surtout de la frustration devant la mutité de l’histoire: « Il faut attendre l’ouverture des Archives pour assouvir notre soif. En attendant, notre connaissance du 29 mars 1947 ne sera jamais que partielle et quelques fois je déplore que la littérature l’emporte parfois sur les faits réels », réitère-t-il.



Ainsi, le public tout comme l’auteur sont restés sur leur faim devant tant de questions restées sans réponses, et ce malgré l’intervention, souvent contradictoire dans le film, d’éminentes personnalités qui font autorité à l’instar du Pasteur Rabemanahaka, académicien et la dame Razoharinoro, alors directrice des Archives Nationales.



Quelle suite donner à ce premier documentaire? « Je ne sais pas. J’essaie de continuer à en faire parce que j’aime ça et que je ne sais faire rien d’autre », expose Naivo Rahamefy qui déplore « le système de dons de films aux chaînes de TV malgaches par les institutions étrangères. « Les images n’ont aucune valeur dans mon pays, regrette-t-il tout en appelant de ses v½ux que cela change un jour.



Le documentaire « Iarivo indray mihelatra » sera diffusé à la télévision nationale, probablement la nuit du 29 mars. Un projet de fiction qui sera une adaptation des aventures d’Ikotofetsy et Imahakà ( « deux mecs qui ont choisi délibérément le clan du mal ») est en gestation. En attendant que les Archives ouvrent leurs tiroirs.