dimanche , 28 avril 2024
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L’accord politique signé entre la mouvance Rajoelina et quelques transfuges des partis issus des trois autres mouvances représentant officieusement leur formation serait-il un consensus qui aura finalement l’air vrai. Après plusieurs tentative, l’autorité de fait a finalement accepté un partage du pouvoir mais en obtenant ce qu’elle cherchait à tout prix : un nouveau calendrier électoral. A part la fixation des dates pour les différents scrutins, l’accord n’a rien résolu, la HAT repoussant les choses sérieuses pour la conférence nationale.

Accord politique d’Ivato : des dates de scrutin pour des institutions virtuelles

Andry Rajoelina affirmait il y a quelques semaines dans son « interview-vacances » qu’il n’acceptera jamais que la transition dépasse 2010, encore moins sous une autre forme. Malgré l’intransigeance du ton, la feuille de route du jeune chef de l’autorité n’a pas été considérée comme étant une décision immuable. Avant d’engager ce « dialogue présidentiel » avec les partis politiques, l’occupant d’Iavoloha a émis un énième préalable. Avant de discuter des solutions de sortie de crise, les dates des scrutins sont à fixer de commun accord. Andry Rajoelina espérait ainsi une feuille de route un peu plus consensuelle qui pourrait légitimer une nouvelle république bâtie comme un château de carte.

Le chef de l’autorité de fait a eu en partie ce qu’il a voulu. Des dates ont été fixées mais elles risquent de poser des problèmes. D’abord, le fait de dépasser 2010 met un doute sur la crédibilité politique de Andry Rajoelina qui a juré à plusieurs reprises une durée de vie de 18 mois à la HAT. Pis, la transition va durer plus longtemps que les 24 mois prévus dans les documents utilisés par les putschistes qui essayaient de faire reconnaître aux yeux du monde un pouvoir acquis par la rue et par une faction de l’armée en mars 2009. La date du 04 mai 2011 pour le premier tour de l’élection présidentielle – un deuxième tour le 01 juin 2001si nécessaire – est un cadeau empoisonné pour une autorité qui veut légitimer son pouvoir par les urnes.

La maladresse des politiciens réunis autour de la mouvance Rajoelina pour cet accord a été justement de fixer ces dates avant même que la nouvelle République ne soit définie sur le plan légal. La HAT ne veut pas attendre d’être fixé sur les institutions à mettre en place et partant sur une loi fondamentale déjà écrite pour décider des scrutins. L’on peut toujours dire que ces institutions seront aussi incontournables que prévisibles. Mais un Comité consultatif constitutionnel est déjà en activité et il n’a pas influencé ces décisions politiques. Seul, la date du référendum constitutionnel, 17 novembre 2010 confirmé, devait sortir de cette réunion politique d’Ivato. Une élection législative pour le 16 mars 2011 reste virtuelle.

Acculé à la tête d’une transition de plus en plus ingérable, Andry Rajoelina veut trouver en ces dates de scrutin une issue de secours. Or, dans l’accord avec la moitié des partis politiques du pays, il accepte de partager le pouvoir contrairement à sa ferme position d’il y a quelques jours. Pour sauver la face, la HAT joue sur les mots et nuance. Il ne s’agit pas d’une nouvelle transition mais l’amélioration de l’actuelle. A preuve, Andry Rajoelina garde le pouvoir et devient le président de la transition, un clin d’œil à la charte de Maputo. L’accord d’Ivato pille carrément les engagements signés entre les quatre chefs de mouvance et l’adapte avec une formule sans les trois autres. Les institutions de la transitions sont les mêmes : un conseil supérieur de la transition ou l’actuelle HAT élargie composera la chambre haute, un congrès de la transition rétabli, un gouvernement d’union nationale. La règle est simple : les partis signataires de l’accord proposent, Andry Rajoelina disposent.