lundi , 29 avril 2024
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Les quelques jours de passage du nouveau médiateur de la SADC, en la personne de Joaquim Chissano, n’ont pas permis de clarifier les intentions des mouvances politiques en négociations. A tout le moins, les mouvances Ravalomanana et Rajoelina viennent à Addis Abeba avec une proposition concrète.

Addis Abeba : des propositions à la place des préalables

La charte de la HAT est familière aux médiateurs du Groupe international de contact (GIC). La raison en est qu’il s’agit d’une version adaptée aux intérêts de la mouvance Rajoelina du texte proposé par les médiateurs sous la houlette d’Ablassé Ouedraogo. En somme, la transition de fait est confortée, gagnant même de la légitimité en devenant majoritaire et dominante dans les institutions conjoncturelles.

Pour cela, la HAT veut bien récupérer une partie des élus TIM pour le congrès. Quelques portefeuilles peu importants et toujours vacants au gouvernement sont proposés à des pro-Ravalomanana. La mouvance Rajoelina ne veut pas entendre parler d’un retour au pays du président élu. Le ministre des Affaires étrangères Ny Hasina Andriamanjato fait le déplacement car il y a la reconnaissance internationale en jeu avec les impacts économiques espérés.

La mouvance Ravalomanana ne veut pas seulement le retour de leur favori mais surtout le rétablissement de celui-ci dans sa fonction de président de la République. La délégation conduite par Fetison Andrianirina vient à Addis Abeba pour présenter un projet de charte de transition consensuelle et inclusive. Celle-ci se distingue par le partage de pouvoir entre le président élu et celui qui l’a renversé. Les attributions et le pouvoir de ces deux personnalités seront à discuter. C’est un gouvernement d’union nationale et neutre qui assurera la gestion des affaires courantes.

Albert Zafy a ces dernières semaines fait un « Mada Raid » pour faire une campagne d’explication sur l’enjeu de la charte de la transition. L’ancien président insiste sur la mise sur le même pied d’égalité des différentes mouvances et sur l’importance de l’amnistie. La mouvance Zafy mise plus sur la réconciliation nationale et une solution malgacho-malgache que sur une énième médiation du GIC. Son chef de délégation Emmanuel Rakotovahiny ne s’est donc pas envolé vers Addis Abeba, estimant que la position de la mouvance est déjà connue des médiateurs et que seul le dialogue après cette rencontre en terre étrangère compte.

Didier Ratsiraka s’est fait plus discret ces derniers temps. De même, son chef de délégation, Ange Andrianarisoa, ne multiplie pas les sorties. Pour la mouvance Ratsiraka, l’essentiel est pour le moment la première étape de la solution politique à la crise : régler les questions sur les peines prononcées contre des personnalités politiques. En clair, l’Amiral veut d’abord l’amnistie avant d’évoquer une transition consensuelle et plus tard de nouvelles élections.

Toutes les propositions venant des différentes mouvances peuvent être synthétisées dans une même charte à une condition : les mots « inclusifs » et « consensuelles » sont appliqués à la lettre. Seules la HAT et la mouvance Rajoelina s’oppose à cette solution concertée, voulant à tout prix écarter le président élu Marc Ravalomanana et préserver sa suprématie dans un pouvoir durement gagné par la rue et par l’armée.