jeudi , 18 avril 2024
enfrit
Cela devait être une banale affaire de mœurs. Une église qui a des pratiques douteuses, se laissant à filmer des scènes d’exorcisme totalement obscènes et assimilées à de la pornographie, a choqué l’opinion quand le film relatant ce regrettable fait a été divulgué. Depuis, la justice et l’Etat HAT ont pris l’affaire en main. L’église FPVM s’érige en victime tandis que les acteurs et les diffuseurs du CD sont les boucs émissaires désignés.

Affaire FPVM : la faute à un pasteur, pas celle de l’église

La production et la diffusion d’un film à caractère phonographique est un délit et tel devrait être le cas dans l’affaire FPVM. L’église proche des dirigeants de la HAT de par son implication dans les événements de 2009 n’est pas inquiétée par la justice. Dès le départ, les enquêteurs ont ouvert la piste des individus qui ont monté le film en question et l’ont reproduit sur VCD pour être vendus sur le marché. Ces premières arrestations n’ont pas permis de classer l’affaire car le mal est fait : de nombreux curieux ont acheté le VCD pirate ou ont visionné le film sur internet.

Les acteurs et actrices principaux du film ont été appréhendés. La justice devra déterminer le degré de responsabilité entre les trois personnes exorcisées et s’adonnant à des scènes obscènes et les exorcistes attitrés de l’église, en particulier un maître de cérémonie jouant au metteur en scène. Les autres membres de la FPVM assistant à la scène sont-ils considérés comme des complices. L’aspect « mœurs » de l’affaire risque d’impliquer l’église. La justice a déjà placé sous mandat de dépôt un pasteur, un « mpiandry », le dénommé Rija qui a fait l’objet d’une délivrance et le caméraman.

La FPVM se défend est clame son innocence. Après avoir soutenu maladroitement la thèse d’un film tourné à une époque où le temple d’Antaninanandrano était fermé, le pasteur Jean Joseph Randrianantoandro et consorts ne change pas leur ligne défense. Le film ayant été tourné la nuit, la responsabilité de l’église ne peut être retenue car le règlement interne stipule que tout accès est interdit au-delà de 19h. De tels arguments ne démontrent que les « mpiandry » fautifs n’avaient pas le droit de procéder à un exorcisme la nuit. 

Le fait est que la séance d’exorcisme a été réalisée par un pasteur de la FPVM, au temple FPVM avec des fidèles de la FPVM. Comme le forfait a été filmé puis largement diffusé, contre l’avis du FPVM évidemment, le pasteur Randrianantoandro endosse l’habit de la victime. Il dénonce une volonté de nuire à son église par le biais d’une diffamation, affirmant que ce n’est qu’un acte de plus dans la persécution qui a duré depuis la création de la FPVM. Le chef de l’église d’Antaninanandrano se défend d’être un gourou adepte de pratiques occultes.

La connivence entre l’église FPVM et les actuels tenants du pouvoir rend très improbable une mesure judiciaire ou administrative contre le pasteur Randrianantoandro. La thèse de la diffamation a du mal à convaincre, se reposant finalement sur le fait que le film aurait dû rester dans le cercle de la FPVM le doute sur l’existence de ces pratiques déviées au nom de la ferveur chrétienne persiste. La FPVM devrait aussi interdire l’usage d’une caméra par son règlement intérieur.