lundi , 6 mai 2024
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L’affaire du mini-attentat sur la voiture blindée du président de la HAT prend une tournure politique et populaire. En orchestrant une inédite conférence de presse sous la forme d’un aveu de l’un des accusés, la DST a tenté de justifier la mise en accusation de l’opposant Mamy Rakotoarivelo. Le lendemain au tribunal, la famille de celui qui aurait été obligé à donner le nom du chef de la délégation de la mouvance Ravalomanana s’indigne et crie à la manipulation.

Affaire Mamy Rakotoarivelo : haro sur les aveux accusateurs obtenus par la DST

Dans cette affaire, il y a deux enquêtes, celle de la gendarmerie sous la direction de l’incontournable général Richard Ravalomanana et celle menée par la DST ou Direction de la Sécurité du Territoire qui est basée à Ambohitsorohitra. Au départ les enquêteurs n’avaient pas de pistes mais des thèses. Il a été quasi-prévisible que les accusations tomberont sur des leaders de l’opposition. Cette fois-ci, celui qui est épinglé est le chef de la délégation Ravalomanana et SG du parti TIM, Mamy Rakotoarivelo.

Pour orchestrer cette mise en accusation, la DST croyait bien faire en faisant une première dans le monde de la justice ou le monde tout court. Un accusé dénommé Misa raconte son aveu devant la presse. Il récite dans un discours fluide une version de l’histoire qui vient d’être raconté en détail par le responsable de la DST. Misa, informaticien de profession et qui connaît quelques notions en électronique, aurait reconnu Mamy Rakotoarivelo lors d’une première rencontre entre les acteurs du projet d’attentat.

Selon ses dires, Mamy Rakotoarivelo les aurait réunis dans son 4×4 près du Magro pour les recruter à réaliser un projet d’attentat contre le président de la HAT. Le recruteur présumé aurait précisé qu’Andry Rajoelina doit disparaître car il est le blocage dans la situation du pays. Après, les recrutés auraient eu d’autres contacts avec des intermédiaires jusqu’à l’explosion de l’explosif secondaire d’une quantité dérisoire qui a fait plus de bruit que d’égratignures sur une voiture blindée.

Voilà le scénario de la DST. Seulement, la femme du fameux Misa affirme avoir vu son mari lors de la garde à vue. Devant le tribunal, à l’extérieur bien entendu, elle clame en pleurs que son mari est la victime d’une machination. Elle raconte devant micros et caméras que le dénommé Misa lui a confié avoir subi des tortures car on l’obligeait à parler et à signer une déposition accusant Mamy Rakotoarivelo. L’épouse en détresse donne des détails : « on l’a déshabillé, on a électrocuté son anus et son sexe, on lui a donné des coups de poing ».

La mère de l’accusé affirme que son fils Misa a toujours été avec sa famille durant les jours où il était censé avoir préparé l’attentat avec les complices. Comme « alibi », elle révèle qu’il y a eu deux deuils dans la famille, l’enfant mort-né de la belle sœur de Misa et un beau parent de ce dernier. Du 28 au 02 mars, l’informaticien accusé d’avoir fabriqué le détonateur d’une bombe n’aurait pas quitté sa famille. Sa mère l’en atteste.

L’avocate des opposants de la HAT, Me Hanitra Razafimanantsoa calme le jeu. « On n’est pas là pour juger que ce soit des aveux en conférence de presse ou qui ont été obtenus dans quelles circonstances, on cherche la vérité, nous apportons toutes les preuves pour démontrer que notre client est innocent», a déclaré la défenderesse de Mamy Rakotoarivelo. Le chef de la délégation Ravalomanana a vu son garde à vue être prolongée de 15 jours. La DST aurait d’autres personnes à enquêter. Le premier témoignage à charge a été un peu trop surfait.