Andry Rajoelina promulgue sa 4ème République

C’est le grand jour pour Andry Rajoelina, le jeune père de la 4ème République qu’il s’est fabriquée. Il n’est plus le chef de l’autorité de fait puisque, enfin, un texte légal bien que controversé le reconnaît comme étant le chef de l’Etat. C’était un peu la face cachée du projet de Constitution qui a émané de la conférence nationale de la mouvance Rajoelina. L’article 166 fait du maire élu d’Antananarivo – désigné actuel président de la Haute autorité de la transition, un chef de l’Etat sur une période transitoire jusqu’à une nouvelle élection présidentielle.

En gagnant son référendum par tous les moyens, avec un taux de participation de 52%, Andry Rajoelina n’a pas pu déclencher automatiquement la reconnaissance internationale. Il continue sa croisade contre les pays et organismes qui l’excluent du concert mondial. Le référendum du 17 novembre 2010 a un goût de revanche. « Ce n’était pas seulement la victoire du Oui, mais votre victoire, celle les malgaches qui n’acceptent pas  que des étrangers décident à leur place », a-t-il déclaré.

La propagande contre la communauté internationale est toujours sur fond de nationalisme et d’amour pour la patrie. « Le feu du patriotisme n’est pas éteint chez les malgaches mais brûle en eux ». En allant voter lors de ce référendum, « ils ont fait preuve de communion et de solidarité ». Avec une nouvelle Constitution, les malgaches auraient retrouvé la « fierté nationale, le patriotisme et une nouvelle voie dans la solidarité ». Pour Andry Rajoelina, « la 4ème République aura un avenir brillant », elle est « juste », et « va développer les régions de Madagascar ».

Le 11 décembre 2010, Andry Rajoelina est donc réinvesti pour la deuxième fois. La première fois, l’investiture officielle digne d’un président élu ne lui a pas servi car illustrait au contraire l’image d’un coup d’Etat. La deuxième fois, c’est un président élu par référendum qui a officialisé sa qualité de chef d’Etat. Mieux encore, il promulgue officiellement une 4ème République montée de toute pièce à son image. Andry Rajoelina avait pourtant déclaré qu’il n’allait pas se présenter à la prochaine élection présidentielle.

Se contentera-t-il d’un mandat de transition. Rien n’est moins sûr puisque le chef de l’autorité s’est montré particulièrement versatile sur le plan politique. Il a changé la Constitution en sa faveur afin qu’il puisse se porter candidat. Il a fortifié le pouvoir présidentiel. Et surtout, il a écarté les sérieux adversaires dans la course à la magistrature suprême. « L’histoire change aujourd’hui, une nouvelle page est à écrire » et c’est Andry Rajoelina qui détient la plume. La République TGV a bien entendu le mot « Fitiavana » ou amour dans sa devise. Espérons que ce ne sera pas qu’une passade.