vendredi , 19 avril 2024
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La capitale malgache sombre dans l'anarchie, en matière de circulation urbaine comme dans le domaine de la construction.

Antananarivo ou le dur apprentissage de la discipline

La Mairie d’Antananarivo, en collaboration avec le commissariat central, s’échine, tant bien que mal, à réglementer la circulation urbaine, avec des résultats mitigés, mais le gros du travail, en matière d’apprentissage de discipline à Antananarivo, réside sans doute dans le respect des normes de construction. Le service des infrastructures existe bel et bien au sein de la Commune urbaine d’Antananarivo. Il est chargé, entre autres, de la délivrance des permis de construire, via un arrêté municipal, sur la circonscription administrative de la capitale malgache. Sauf que, malgré une certaine volonté des autorités, les constructions illicites ont repris de plus belle dans cette vieille ville qui sombre de plus en plus dans l’anarchie. Un phénomène, certes, qui n’est pas nouveau. Loin de là. C’est le résultat, à en analyser la situation sur le terrain, de plusieurs années d’incurie en matière d’urbanisme et de construction. Fait troublant, à titre d’exemple, dans la périphérie du quartier d’Ambohipotsy, où des risques importants de glissement de terrain ont été révélés, vingt années auparavant, plusieurs maisons, au cours des dernières années, ont été construites. Peut-être pas en connaissance de cause. Ce qui, cependant, en aucun cas, n’élimine les risques encourus.

Durant le règne de Rainilaiarivony, le dernier Premier ministre malgache, au temps de la royauté, avant la colonisation française, pour des raisons de sécurité évidente, comme en témoigne certains ouvrages d’histoire, la construction en bois, et de toiture en chaume a été, à un certain moment, interdite à Antananarivo et ses environs. Ironie du sort pourtant, plus d’un siècle après Rainilaiarivony, la construction en bois, à Antananarivo, la capitale malgache, devient de plus en plus fréquente. La plupart étant, inexorablement – pauvreté oblige – des constructions illicites. Certaines de ses constructions sordides servent de logements à des familles récemment immigrés à Antananarivo, d’autres sont des boutiques, comme celles que l’on retrouve généralement sur les marchés à ciel ouvert de la capitale. Résultat : dans un quartier populaire d’Antananarivo, à l’intérieur du marché d’Andravoahangy, au moins une quarantaine de boutiques, pour la énième fois, ont été réduites en
cendre, avec les marchandises stockées à l’intérieur, dans la nuit de lundi. Le premier coupable: le non respect des normes de construction. Dans ce marché des plus insalubres, la promiscuité fait que le moindre incendie ravage plusieurs mètres carré d’espace. Avant de traquer d’éventuels pyromanes à l’origine du drame, les autorités, estime-t-on, feraient mieux de se pencher sur le respect d’un minimum de règles en matière de construction urbaine.

Dans plusieurs quartiers d’Antananarivo, des boutiques sont, avec ou sans l’aval de la commune, construites à même le trottoir. Avec le risque que cela suppose sur la circulation des véhicules et le déplacement des piétons. Surtout dans un pays où le parc automobile est, pour l’heure, composé essentiellement de véhicules de plus de cinq ans. L’anarchie que vit la capitale, de mémoire de Tananarivien, est aussi le fruit des différentes crises socio-politiques que traverse la Grande Ile. Sans que les autorités prennent, malheureusement, acte au meilleur moment. Le phénomène semble, en effet, empirer à mesure que les crises s’amplifient. Mais, rarement, les autorités ont su tiré des leçons du passé.