5 000 sinistrés en moins d?une semaine, une douzaine de victimes suite aux éboulements et à l?écroulement des habitations. Plus d?une centaine de maison détruites. Le code d?alerte a été atteint. Les plaines environnantes d?Antananarivo ont les pieds dans l?eau, les bas quartiers de la ville sont plus que jamais menacés. Une journée ensoleillée est un répit, pour les populations concernées, qui passent la nuit dans la crainte. Avec des pluies diluviennes qui tombent généralement le soir, ils pourraient être surpris par les inondations dans l?obscurité. Ce qui pourrait compliquer davantage les secours déjà insignifiants face à la grandeur du danger.
Maîtriser les eaux, c?est pratiquement une mission impossible. La Commune Urbaine d?Antananarivo (CUA) semble résignée. Le maire a appelé les habitants des bas quartiers et des communes environnantes à quitter les lieux qui sont directement menacés. « Ma femme et mes enfants ont déjà quitté les lieux, raconte Raymond R.. Je suis resté pour garder la maison et les animaux domestiques et ne partirai qu?au dernier moment? La partie ouest de la maison s?est écroulée, cela ne m?en inquiète pas trop puisqu?il s?agit d?une pièce rajoutée à la vite et dans laquelle je range mes outils ». Raymond exerce le métier de fabricant et de vendeur de briques. En période de pluie, il est contraint d?arrêter son activité. Les responsables des sapeurs-pompiers déplorent l?inconscience du danger chez les habitants. Les moyens de secours sont très limités que ce soit en nombre d?intervention ou de couverture géographique.
Faut-il sacrifier une partie de la plaine pour sauver les autres ? Le débat est récurrent à chaque risque d?inondation dans les Communes environnantes de la ville d?Antananarivo. Cette foi-ci, c?est la population qui a failli prendre l?initiative. A Ambohimanamabola, les avis étaient partagés : faut-il libérer le drain pour évacuer l?eau. Après une journée ensoleillée et sans pluie, la décrue n?est que d?1 cm avec un niveau de 3,29m et le débit s?est légèrement ralenti avec 133 m³/seconde. Ce qui représente le double du débit avant le début des intempéries. A Ambohimanambola, des habitants ont déjà les pieds dans l?eau et d?autres non. On a évité de justesse l?affrontement suite aux disputes liées au problème du drain et de la prise qui pourraient réguler les eaux. Quoiqu?il en soit, les techniciens du Génie rural déconseille fortement la destruction du drain en question. Comme le barrage situé un peu plus en amont n?a pas cédé, on conseille la patience aux habitants. « Il n?y a pas de solution technique, il nous reste qu?à attendre la décrue », affirme avec résignation le Directeur du Génie Rural Bruno Rakotomahefa, tout en appelant la population de faire preuve de calme et de retenue.
Pourquoi Antananarivo est-elle en danger à chaque période de pluie ? Tout d?abord elle est entourée de plaines qui bordent le fleuve Ikopa et ses nombreux affluents. Avec la crue de plusieurs rivières en même temps, le point de déversement de Bevomanga n?arrive plus à canaliser les crues au point de refouler les eaux, cela malgré la présence d?un bassin de 4 290 Km². Les digues les plus proches de ce point de déversement cèdent généralement en premier. La ville d?Antananarivo est protégée par quelque 150 km de digue, de façon sure que d?un seul côté. Les digues n?on pu être rehaussées des deux côtés faute d?investissements. Cette année, 4 milliards Fmg ( environ 590 000 euros) seront débloqués du PIP (Programme d?Investissements Publics). Des grands travaux comme l?élargissement du point de déversement des affluents de l?Ikopa sont envisagés. D?ici-là, les habitants vivront cet été dans l?angoisse? en attendant le premier des habituels cyclones. Le plus dur reste à venir.