samedi , 27 avril 2024
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Après l’échec attendu de l’accord français de Pretoria, un nouvelle rencontre est programmée, c’est du moins ce qu’a avancé le médiateur de la SADC et de l’UA, Joaquim Chissano. Les trois autres chefs de file de mouvance ont toujours fait savoir leur refus de se soumettre à un protocole secret et imposé. Andry Rajoelina tient déjà son prétexte et clame haut et fort qu’il va boycotter cet autre rendez-vous.

Après Pretoria : où en sont les mouvances ?

Andry Rajoelina ne devait pas aller à Pretoria. Il avait affirmé qu’il n’y allait que si les autres acceptaient de signer, à blanc, le protocole d’accord français. Qui lui ont fait croire une hypothèse si improbable, la question n’est pas là. Pourquoi, le chef de l’autorité de fait y est quand même allé. L’intéressé a déjà livré quelques éléments de réponse sur place, à Pretoria. « La communauté internationale est maintenant au courant et sait qui sont les facteurs de blocage », a-t-il dit. Croyant être à l’abri de nouvelles discussions et sous la protection française, le jeune TGV a quand même dû passer quelques épreuves.

Bien qu’au pouvoir depuis un an, celui qui a été élu maire d’Antananarivo se conduit toujours comme un « révolutionnaire » qui a renversé un mauvais président pour de bonnes raisons. Andry Rajoelina tire bénéfice finalement de la non reconnaissance de la communauté internationale pour ne pas s’encombrer des contraintes qu’aurait eu un vrai chef d’Etat. Ses revendications sont toujours populaires et populistes. « Je suis à Pretoria pour résoudre le problème des 20 millions de malgaches et non pas celui de quelques uns », a-t-il soutenu. Pas question donc pour Andry Rajoelina d’accéder aux préalables du président évincé Marc Ravalomanana  dont la possibilité de revenir au pays, l’amnistie politique et la possibilité de se présenter aux élections présidentielles.

Marc Ravalomanana n’a jamais donné l’impression de l’existence d’un préaccord sur la signature de la proposition française. Ce qui aurait été plus qu’étonnant vu le profond désaccord qu’il entretient avec la France et son attachement à la médiation de l’Union Africaine. Pour lui, le rencontre de Pretoria est un moment pour reprendre les négociations, insistant sur l’existence des blocages. La mouvance Ravalomanana estime qu’il s’agit d’une affaire africaine dans laquelle la France ne doit pas s’immiscer.

D’après le président évincé, c’est l’élection présidentielle qui doit passer en premier et non pas l’élection d’une assemblée constituante. Andry Rajoelina a rapporté que Marc Ravalomanana lui a proposé d’amender la constitution afin de rabaisser l’âge requis à 30 ans afin que les deux puissent se faire départager par la voix des urnes. Une proposition que le jeune TGV a jugée scandaleuse estimant que la loi fondamentale ne peut être changée par deux.  Et pourtant, Andry Rajoelina lui-même a instauré une Constitution personnelle en décembre 2009 en réorganisant à sa manière la transition.

A Pretoria, Didier Ratsiraka a été moins prolixe que d’habitude. L’ancien président a toutefois proposé quelques idées pour trouver une solution politique à la crise. Il a aussi refusé le protocole d’accord français qui, selon lui n’est pas une solution et ne montre pas l’aspect de la gestion collégiale de la transition. La mouvance Ratsiraka demande la mise en place d’un premier ministre de consensus et l’organisation d’une élection présidentielle. Elle renie en toute logique le général Camille Vital et demande la réinstallation du Pr Eugène Mangalaza désigné dans le cadre des accords de Maputo pour diriger le gouvernement d’union nationale.

Le problème, selon Didier Ratsiraka, n’est pas le fait d’organiser des élections mais les gens qui vont gérer les préparatifs. L’amiral conteste l’intégration de membres étrangers dans la commission électorale. Comme d’habitude, la mouvance Zafy a été la plus discrète. Le clan du professeur réclame l’application stricto sensu des accords de Maputo et d’Addis Abeba. Il réclame la mis en place dans un bref délai du Comité national de réconciliation.