jeudi , 18 avril 2024
enfrit
Le ministère de la presse, non, plutôt de la communication s’implique à mettre des balises consensuelles et inclusives au métier du journaliste. La politique de la ministre Nathalie Rabe donne de l’indépendance mais aussi des responsabilités aux médias. Une charte de traitement de l’information en campagne électorale a été débattue avec les directeurs de publication.

Campagne électorale : responsabiliser plutôt que de sanctionner les journalistes

Le ministère de la Communication a mis en place un comité, composé essentiellement de directeurs de publication dans différents types de médias, afin de travailler sur une charte que doivent observer les journalistes en période électorale. « Il y a l’éthique et la déontologie, mais on a toujours besoin des les rappeler », se justifie la ministre Nathalie Rabe. Cette charte sert de balise dans le traitement de l’information par le journaliste dans un contexte de propagande électorale. « Il n’y aura pas de sanction derrière », promet la ministre.

Pour faire accepter ladite charte devant certaines réticences pragmatiques des responsables des médias, la ministre estime que cette règle concertée devrait redonner au métier de journaliste tout l’honneur qui lui revient. Sur le plan technique, le reporter doit donner des informations objectives, équilibrées et pluralistes afin d’éclairer l’opinion des citoyens électeurs. Ce qui est rarement le cas, à commencer par l’audiovisuel national et les journaux à obédience politique. Le temps d’antenne dans les journaux télévisés ou parlés, ni les espaces dans les quotidiens ou périodiques ne sont pas comptabilisés pour garantir cette équité.

Par principe donc, la charte préconise qu’un journaliste ou un média est à même d’informer le public sur la campagne électorale de tous les candidats. Or, il est fréquent qu’un journaliste fasse partie de l’équipe de campagne d’un candidat. Le ministère propose que ci c’est le cas, le reporter en question doit prendre une disponibilité vis-à-vis de son employeur. Seulement, l’éthique et la déontologie se heurte à des considérations économiques.

Un directeur de publication d’une télévision privée ne s’en cache pas : « comment le journaliste pourra-t-il diffuser son information s’il n’est plus dans la rédaction. Cela a des conséquences économiques pour notre chaîne ». C’est la réalité : la diffusion d’information de propagande dans un journal est monnayée ! Ce directeur de publication relativise la violation avérée de l’éthique. Lui-même ou son rédacteur en chef met un garde-fou autour de l’information traitée par un journaliste au service d’un candidat.

Cette pratique arrange tout le monde car elle profite au candidat qui fait des économies en se privant d’une agence de communication, au journaliste qui a une opportunité de gagner presque honnêtement de l’argent et au média qui encaisse des recettes en ouvrant son journal aux politiques. Une charte pourrait ne pas changer cette situation qui ne fait pas honneur aux valeurs de la presse. Elle n’engage en effet que les signataires. En cas de violation, il y aura juste une interpellation, pas plus.

Pour rétablir le devoir, les obligations et les responsabilités du journaliste, une loi serait plus indiquée. Le sujet de l’exploitation mercantile de l’information est très délicat puisqu’il en va de la survie de nombreux médias et des journalistes eux-mêmes. Avant de l’interdire par la loi, il est en effet judicieux de responsabiliser le monde de la presse. Dans la culture malgache,  recevoir ou donner de l’argent n’est pas un crime. Difficile pour le journaliste de garder son intégrité même s’il se contente de faire son métier : celui d’informer le public. Il y en a qui estiment avoir trouvé un compromis entre la nécessité économique et la déontologie.