vendredi , 19 avril 2024
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"Je vis un rêve, je ne crois pas encore à tout ce que je vis". Marie Euphrasie Rasoarimamomjy était à Jo'Burg au sommet sur le développement durable

Comment sortir de la misère rurale

Etant finaliste au concours organisée par Equator Initiative, un mouvement mondial qui vise à réduire la pauvreté et à maintenir la biodiversité, elle et Antoine Ramaly représentent les paysans malgaches. Elle, étant membre de l' »Association des Femmes d’aujourd’hui » et lui étant président des Natifs de Manambolo ou FITEMA. Ces deux associations groupes au sein de la FITEMA, viennent de Ambalavao Tsienimparihy, un coin reculé de la province de Fianarantsoa.

Sur les 420 communautés locales des 77 pays aux alentours de l’Equateur qui ont participé, 27 ont été nommées finalistes. Madagascar est parmi elles. L’équipe constituée de ces deux personnes est dirigée par le chef de projet Manambolo du WWF Madagascar, Ravo Solofo. Le 30 août dernier, ils ont reçu leur certificat et un prime de 30 000 USD pour récompense comme tous les autre finalistes. La cérémonie de remise de prix a eu lieu au Crown Plaza Hotel, a Sandton Johannesbourg. Une soirée inoubliable pour ces différents représentants de communautés locales.

Le quotidien, l’irrationnel, la corruption

« Notre objectif est de sortir de la pauvreté », explique-t-elle. Pour ceci, il existe mille moyens. Pour la communauté locale de Manambolo, c’est l’utilisation rationnelle des ressources naturelles, l’application des méthodes de travail plus rentables qu’elle a choisies. Il était d’usage de ces femmes d’envoyer leurs maris abattre des arbres pour le bois de chauffage ou cueillir les produits forestiers ou pêcher les anguilles des rivières. Bref, le quotidien des familles dépendait surtout de la forêt de la vallée de Manambolo. Mais la population sent le danger venir. Non seulement les produits sont devenus rarissimes, difficiles à trouver mais les plaines sont devenues stériles et recouvertes de boue. « C’est plutôt l’exploitation irresponsable des personnes qui n’habitent pas la région qui sont les pires dangers de cette foret », explique le premier responsable du projet au sein de la WWF Madagascar. Cette organisation internationale appuie en moyens et en conseils les deux associations. En effet, devant la corruption qui existait, elles ne savaient à quel saint se vouer pour sauver la foret et la vie des habitants.

Sagesse des ancêtres et technologies modernes

Les populations des deux communautés bordant le coté nord de la vallée ont une liaison parentale et historique. Elles ont repris les systèmes de gestion des ressources naturelles de leurs ancêtres. Ceci demandait la réorganisation de la société. A l’image de la structure traditionnelle, ce sont les chefs patriarches des grandes familles qui prennent une décision et qui gèrent l’utilisation de l’espace de pâturage, l’eau pour l’agriculture, les produits forestiers a exploiter. Cette gestion est réglementée par une convention locale, élaborée par la population elle-même, le « dina ». Les personnes habiles à la communication, aux travaux intellectuels et bureautiques appuient l’institution et collaborent étroitement avec les chefs patriarches. La population toute entière travaille et assure les différents travaux pour la réussite du développement fixé ensemble. Il n’est point difficile pour ces populations de vivre dans une telle structure qui a été bien adoptée avant l’arrivée des colons et dont elles connaissent la réussite.

Le WWF Madagascar les a aidé en soumettant cette convention aux différents services publics compétents pour rapprocher le légitime au légal. Il a aussi fait connaître la Gestion Locale Securisée ou Gelose, une politique de gestion des forêts par les communautés locales. Gelose encourage les techniques modernes de culture du riz et de légumes ainsi que l’artisanat. Les résultats ne se font pas attendre : non seulement chaque famille membre de cette association a pu stocker des provisions de riz pour être vendu et mangé durant la période de soudure mais les produits forestiers sont remplacés par les produits des jardins potagers. Les femmes regroupées au sein de l’association EVA travaillent en faisant de l’artisanat avec quoi elles peuvent se procurer de l’argent pour assurer leurs petits besoins quotidiens. Quant a Marie Euphrasie R., elle a pu voir Antananarivo. Elle et le président de la FITEMA s’extasient d’avoir pu visiter Jo’Burg et vivre le Sommet Mondial sur le développement durable. Ils ont pu se faire des amis de culture totalement différentes des leurs. Ils ont pu connaître de nouvelles facettes de la vie, de nouvelles visions. En revenant dans leur contrée, ils rapportent de nouveaux espoirs, de nouvelles idées. Avec une somme d’argent en poche, ils espèrent promouvoir un développement durable pour leurs enfants et petits enfants.