jeudi , 2 mai 2024
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La visite express du secrétaire d’Etat français à la Coopération à Antananarivo remet la France au centre du processus de sortie de crise. Paris qui a toujours eu un penchant pour le plus français des malgache, Andry Rajoelina, négocie aussi avec les autres chefs de file de mouvance. Alain Joyandet doit convaincre une partie et trouver un consensus axé, soit sur la feuille de route de la HAT, soit sur la Charte de Maputo.

Consensus : la France va-t-elle convaincre la HAT ou les autres mouvances ?

A Ambohitsorohitra, Alain Joyandet a écouté les arguments du président de la HAT qui a défendu ses initiatives unilatérales pour gérer la transition et organiser des élections. Le Secrétaire d’Etat français à la Coopération a quant à lui insisté sur la nécessité absolue de mettre en place un gouvernement d’union nationale dans l’urgence. Ce qui ne s’écarte pas de la stratégie de la mouvance Rajoelina qui est en train de refaire le coup du gouvernement supposé d’ouverture Monja Roindefo II. Un gouvernement Vital II est en perspective. La France va-t-elle conforter les autorités dans leur fait accompli ou faire pression pour que la démarche ne s’éloigne pas de la charte de Maputo.

Andry Rajoelina a en effet affirmé que la mise en place des institutions prévues dans la charte de transition consensuelle et inclusive n’est pas possible matériellement. L’excuse n’est plus l’impossible cohabitation causée par une divergence profonde d’idées. La HAT part toujours sur le même principe que la formation d’un gouvernement d’union nationale équivaut à un remaniement où il y aura « des changements de ministres ». Il n’est pas sûr si Paris peut influencer les autorités de fait à appliquer ce qui a été convenu dans la charte de Maputo, à commencer par faire accepter Eugène Mangalaza comme premier ministre de consensus.

L’enjeu est pour la HAT de bénéficier de l’influence de la France pour persuader les autres chefs de file de mouvance à intégrer l’autorité de fait. Par cette forme de consensus et d’exclusivité, les accords de Maputo et d’Addis Abeba deviendraient presque caducs. Si la HAT, l’alliance politique autour de Andry Rajoelina, préconise une solution malgacho-malgache afin d’éviter la pression de l’Union Africaine, l’intervention de la France n’est pas complètement rejeté à condition que Paris cautionne le fait accompli, à savoir les résolutions de l’Atelier « Teny ifampierana » et la mise en place de la CENI. 

La mouvance Zafy qui ne jure que par la charte de Maputo est au moins aussi sceptique. Alain Joyandet a rencontré le professeur. Auparavant, Manoro Régis, le porte-parole de la mouvance, a donné un sens à la visite du secrétaire d’Etat français comme la confirmation de l’enlisement d’une crise loin d’être finie. Il réjouit toutefois de l’implication de la France dans la recherche d’une solution.

Alain Joyandet va aussi rencontre le président évincé en Afrique du Sud. C’est Marc Ravalomanana qui a appelé ouvertement à l’implication de la France.  Sa position est différente puisque le président en exil veut que Paris mette la pression sur l’autorité de fait et le persuade de revenir à la Charte de Maputo. Marc Ravalomanana prévoit le ralliement de l’Union Européenne aux mesures de sanctions prises par l’UA et craint une initiative en solo de la France pas forcément chaude à sanctionner son « poulain ».