lundi , 6 mai 2024
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Après la convocation par la SADC des parties prenantes malgaches, la HAT et les autres mouvances, la situation n’est pas plus claire. Encore et toujours, les protagonistes ont des interprétations, relativisant certains faits, exagérant d’autres. Ce qui a évolué, c’est que la HAT a compris qu’elle ne peut plus prendre une décision unilatérale avec ou sans la pression de son armée et qu’elle ne pourra pas empêcher le retour au pays de Marc Ravalomanana. Andry Rajoelina et sa mouvance jouent la montre et tentent de maîtriser l’amnistie sélective.

De la feuille de route à l’amnistie, avant le 29 février ?

Il fallait la bourde phénoménale de la HAT et de son armée pour que la situation politique se débloque. L’autorité de fait se défend d’avoir été rappelée à l’ordre ni fait l’objet d’aucune condamnation suite à sa gestion catastrophique et dans l’affolement du retour au pays du président en exil Marc Ravalomanana le 21 janvier dernier.

Elle a toutefois admis pour la première fois l’effectivité d’une transition consensuelle et inclusive. Andry Rajoelina ne devra plus violer délibérément la feuille de route et devra consulter le premier ministre de consensus. Symbole de cette fin du pouvoir absolu du chef de l’autorité de facto de 2009, la présidence de la HAT s’est engagée à ne plus prendre un Notam contre Marc Ravalomanana.

L’affaire d’Ivato a peut-être marqué la prise de pouvoir du chef du gouvernement de consensus avec qui l’armée pro-Rajoelina devra composer. Prônant l’apaisement, Omer Beriziky ne s’est pas opposé au retour au pays de Marc Ravalomanana. Il insiste toutefois sur la nécessité d’une discussion entre les parties prenantes pour que cela se fasse.

« Nous devons nous atteler à la réalisation globale de la feuille de route et non pas de quelques articles », a-t-il déclaré. Justement, l’application de ce document qui a force de loi et qui supplante la constitution TGV se focalise sur l’article 20.

Le retour sans condition est enfin admis. La HAT contre-attaque par sa tête pensante Norbert Ratsirahonana. « Il y a encore une affaire de justice sur Marc Ravalomanana ». Il brandit la menace de la note explicative qui est interprétée par les putschistes de 2009 comme étant l’arme pour empêcher le président renversé de revenir au pays, encore moins aux affaires politiques.

En face, la mouvance Ravalomanana évoque les articles sur l’arrêt des poursuites judiciaires sur les affaires politiques, le cas de l’ancien président ayant été jugé par un procès politique et par un tribunal qui n’en a pas compétence.

L’enjeu est donc la loi d’amnistie. Marius Fransman a créé un mini séisme à Madagascar en annonçant la date limite de 29 février pour la promulgation d’une loi d’amnistie afin de permettre le retour au pays du président en exil Marc Ravalomanana.

La réalisation de ces deux faits majeurs est présentée comme faisant partie des conditions pour l’organisation d’une élection libre. La SADC semble vouloir voir le peuple malgache trancher par la voie électorale l’antagonisme Ravalomanana – Rajoelina.

Andry Rajoelina surveille ses arrières et annonce déjà qu’il ne va jamais accorder l’amnistie à Marc Ravalomanana. Lui-même en tant que putschiste en 2009 et chef de l’autorité de facto durant une transition unilatérale a besoin de cette loi d’amnistie, à moins qu’il soit sûr de maîtriser et de gagner haut la main les élections.

Son ministre de la Justice joue la montre et parle d’une longue procédure pour concevoir et faire voter le projet de loi. Il fallait comprendre que cela va prendre au moins 3 mois, rendant de facto irrecevable la date du 29 février 2012 souhaitée par la SADC.

Christine Razanamahasoa met en doute l’engagement de son supérieur, le premier ministre Beriziky, à faire avancer la feuille de route dans les temps en respectant ce deadline.

La mouvance Ravalomanana n’est pas d’accord avec la théorie de la longue procédure. « Cela peut se faire si tout le monde a la volonté politique et fait preuve de bonne foi », clame Mamy Rakotoarivelo. Il révèle que la HAT sait accélérer les choses quand cela l’arrange comme c’est le cas avec la loi sur la commission électorale.

Après la rencontre avec la troïka de la SADC, la mouvance Ravalomanana décide de continuer sa participation dans la transition. La question de l’amnistie sera la clé de la crise qui va la fermer définitivement ou ouvrir une nouvelle.