jeudi , 25 avril 2024
enfrit
C’est surprenant de voir par endroit, à un certain moment, un originaire d’un village perdu de Madagascar sur la place du Magro où se rassemblent régulièrement les partisans de Marc Ravalomanana, à Antananarivo.

Des paysans en colère

La manifestation pro-Ravalomanana, à la suite du coup d’Etat de mi-mars, n’emballe pas que les citadins. Des ruraux de passage dans la capitale, prennent souvent le temps de participer à ce mouvement de contestation à l’égard de la Haute Autorité de Transition.

Raivola, originaire d’un village de la région d’Ambositra, sur les hautes terres, était parmi les manifestants « légalistes » en début de semaine. Sa déception est forte, en effet, depuis les derniers mois quand sa région semblait entrer dans une phase d’incertitude.

Dans son village d’Alatsinainy l’ère Ravalomanana a permis à Raivola et son entourage de bénéficier d’une école primaire publique, d’un centre de santé de base et, aussi, d’un financement de leurs activités agricoles à travers le Projet de soutien au développement rural (PSDR). Aujourd’hui, la hausse incontrôlée du prix de l’engrais inquiète vivement Raivola. Dans le même temps, les produits de première nécessité sont vendus plus cher qu’avant, notamment le pétrole lampant, l’huile alimentaire etc. Autant de raison pour des paysans comme Raivola de désespérer d’autant que certains projets de développement comme le PSDR risque fort de ne plus pouvoir assurer leur service si la situation actuelle perdure. 

Raivola en témoigne : de nombreux paysans ont tiré profit des différents projets de développement lancés sous la présidence de Marc Ravalomanana. Sauf que la plupart de ces projets étaient soutenus par des financements extérieurs alors que les bailleurs de fonds ont tous décidé de geler les aides à l’endroit de Madagascar après le coup d’Etat, hormis les aides humanitaires et les financements accordés ultérieurement. 

Sans doute, les paysans n’ont pas tout à fait tort d’être en colère, surtout que l’insécurité semble en outre gagner du terrain dans d’autres régions selon d’autres témoignages. Depuis la prise du pouvoir par les putschistes, pour des raisons encore floue, certaines localités qui disposaient d’un détachement de l’armée en sont dorénavant dépourvues. Une situation qui favorise le banditisme. Des légalistes issus des villages lointains l’admettent : tout n’était pas rose du temps de Marc Ravalomanana mais la situation tend cependant à empirer actuellement. Le choix est donc vite fait.