dimanche , 28 avril 2024
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Devant le blocage politique et un régime de transition de fait de plus en plus isolé et fébrile, les options militaire à la tête du pays se précisent. D’un côté, il y a les impatients qui veulent prendre le pouvoir et reléguer le président de la HAT à l’état d’un simple candidat à l’élection présidentielle. D’un autre côté, il y a les prudents qui veulent recevoir le pouvoir de la main de Andry Rajoelina au moment opportun.

Directoire ou coup d’Etat militaire : l’armée aussi hésitante que divisée

Branle-bas de combat au sein de l’armée, c’est le cas de le dire. Vendredi, 02 avril 2010, à la suite d’une réunion secrète qui a vu la présence de haut gradés de l’armée, une déclaration « décisive » devait être prononcée. Ce n’était point le cas car les protagonistes se sont rétractés. L’armée est hésitante et divisée devant l’appel à prise de responsabilité rendu incontournable pour sortir le pays de la crise politique. Dans le camp de ceux qui s’apprêtent à franchir un palier, vendredi, les impatients mettent la pression. Un groupe d’officiers dont l’un des premiers responsables des forces armées veulent prendre en main la destinée de la transition.

La Force d’intervention de la gendarmerie nationale (FIGN) serait aussi sur le point d’être à nouveau un acteur du changement politique dans le pays. Comme son commandant, le général Jafera avait déjà affirmé son entier dévouement à Andry Rajoelina, l’implication de Fort Duchesne dans une initiative visant à prendre le pouvoir ne peut que mettre le président de la HAT à l’abri. L’éventuel futur candidat et l’un des favoris de l’élection présidentielle doit en effet sortir du guêpier politique. Pour cela, il ne doit plus avoir à faire des négociations ni des concessions susceptibles de mettre les autres mouvances adversaires en position de force. 

La question est de savoir si Andry Rajoelina est-il contraint de remettre le pouvoir à l’armée ou non. La thèse d’une restitution de pouvoir ne peut qu’honorer l’homme fort de la transition qui pourra dès lors être dans le starting-block de la course aux présidentielles. Selon de nombreux observateurs, le jeune TGV est en train de se griser au pouvoir, ralenti par la non reconnaissance internationale, la tension sociale et la difficulté économique que traverse le pays. L’autre thèse consiste à une prise de pouvoir par l’armée. Ce serait un coup d’Etat légitime pour revenir au point de départ de la transition : le directoire militaire. Dans ce cas, l’armée sera expéditive dans la gestion d’une courte transition, le temps d’organiser des élections dont les préparatifs sont déjà quasi prêts.

En cas de directoire militaire, le nom du nouvel homme fort de Madagascar serait déjà désigné : le général André Ndriarijaona. Le chef de l’Etat-major de l’armée bénéficie en effet de l’appui sans faille des chefs de corps, des remparts nécessaires avant d’entreprendre toute initiative militaire. Il part nettement favori devant le ministre de la Défense nationale qui serait trop mouillé politiquement. Le général Noël Rakotonandrasana est loin de faire l’unanimité au sein de l’armée.

Quoi qu’il en soit, il faudra aussi compter sur la Force d’intervention spéciale de la HAT. L’escadron à tout faire des Lt-colonels Charles Andrianasoavina et René Lylson a déjà fait preuve de détermination et de nervosité en sortant les artilleries lourdes pour riposter à une éventuelle attaque contre le palais présidentiel. L’histoire a-t-elle tendance à se répéter puisque les militaires pro-HAT avaient pris d’assaut Ambohitsorohitra en mars 2009 pour installer l’autoproclamé chef d’Etat, Andry Rajoelina. S’ils étaient entrés sans rencontrer d’opposition armée, ils ne comptent pas se faire déloger sans résistance.