vendredi , 19 avril 2024
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Après avoir limogé le ministre des Eaux et Forêts qui est devenu gênant dans le dossier bois de rose, le président de la HAT va-t-il faire pareil avec le ministre de l’Education nationale ? Andry Rajoelina soupçonne Manoro Régis de cautionner la grève des enseignants qui bloque le système éducatif. Durant ces trois ans de mandat de transition après le coup d’Etat de 2009, la jeunesse malgache a été tout simplement déscolarisée.

Education nationale, un malaise sociopolitique

C’est d’un ton menaçant qui harangue la foule que Andry Rajoelina a lancé un dernier avertissement au ministre de l’Education nationale. « Il y a des gens qui veulent faire des élèves des otages, nous n’allons pas l’accepter », a-t-il affirmé. Le plus étrange dans cette affaire a été la remise en cause indirecte mais publique de Manoro Régis dans le blocage de la situation.

L’ancien porte-parole de la mouvance Zafy cautionnerait la grève des enseignants. Cela fait deux semaines que les élèves viennent en classe pour jouer et tuer le temps. Il n’y a pas cours dans les lycées. Les grévistes ont promis de faire le nécessaire afin que le programme scolaire soit terminé dans les règles. C’était avant que la tension ne s’installe.

Un ministre qui propose mais ne dispose pas

Manoro Régis a essayé de régler le problème par la négociation, ce qui n’a pas été du goût de la HAT qui aurait aimé une solution radicale pour casser le mouvement. « J’ai fait quatre propositions, mais aucune n’est réalisable faute d’argent », s’est-il justifié. Le ministre de l’Education nationale affirme que le blocage, dans ce cas de figure, relève de son collègue des Finances et du Budget. « Les propositions sont basées sur les revendications des enseignants, ce sont des indemnités propres qui totalisent 210 milliards d’ariary au maximum et 131 milliards d’ariary au minimum.

« Le ministère va faire d’autres propositions, on sait maintenant jusqu’où on peut aller, le ministère (de l’Education nationale) va faire d’autres études », résume Manoro Régis. Il précise que la proposition ne concerne que les enseignants fonctionnaires et non pas ceux payés par le FRAM, l’association des parents d’élèves, qui perçoivent aussi une aide symbolique de l’Etat.

Par ailleurs, l’Association FRAM s’est désolidarisée du mouvement, apportant un démenti sur un soutien qui signifierait qu’ils se mettent aussi en grève. « Nous nous positionnons par rapport aux parents d’élèves qui paient nos salaires, nous ne pouvons pas faire grève », a confié leur porte-parole.

La grève des enseignants a-t-elle un dessous politique au point que Andry Rajoelina parle de prise d’otage et invite le responsable à résoudre le problème au plus vite par crainte d’une explosion sociale. Les enseignants réfutent toute motivation ou récupération politique, rappelant que la revendication concerne tout simplement les indemnités comme c’était le cas avec les enseignants chercheurs.

Dessous politique

Le ministre Manoro Régis est sur la sellette. Il a en effet autorisé les grévistes à faire leur sit-in dans la cour du ministère. Ce n’est plus désormais le cas puisque l’enceinte est gardée par la police. Officiellement, la restriction d’entrée est justifiée par la préparation des examens officiels. La tension a monté d’un cran.

Le prétendu ministre issu de la mouvance Zafy essaie-t-il de sauver sa place ? Il a déjà nié toute manoeuvre politique qui bloquerait le système éducatif du pays. « Il m’est difficile de croire que le PHAT croit ce genre de chose, il sait ce qu’on a fait pour former ce gouvernement inclusif et consensuel », a déclaré Manoro Régis. Andry Rajoelina lui demande de mâter la grève sans satisfaire les revendications syndicales des enseignants. A l’approche des élections, il est possible que l’AVI ou le TGV tente de récupérer ce ministère très utile dans la propagande.

La HAT a plus que détruit le système éducatif malgache. En 2010, quelque 700 000 enfants ont été déscolarisés a révélé l’Unicef. La tendance ne s’améliore pas. En 2012, la faiblesse des élèves avec une moyenne de 7/20 est récurrente. Pour l’égalité des chances, le régime en place ralentit les écoles privées par une pression… fiscale.