vendredi , 17 mai 2024
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La grande muette fait à nouveau entendre des bruits de bottes pour influencer le débat politique en faveur de sa mouvance favorite. Le commandement des armées multiplient les réunions pour affronter un éventuel changement de gouvernement. Le chef de l’Etat-major, le général André Ndriarijaona, a du mal à convaincre de l’unité et de la neutralité des hommes en armes.

Formation du gouvernement : l’armée fait pression sur les trois mouvances

Le général de brigade, nouvellement promu, André Ndriarijaona tente de rassurer l’opinion et les autorités de fait sur la qualité de dernier rempart de l’armée. « Deux gouvernements, cela ne peut se faire », dit-il. Les hauts commandements de l’armée se sont réunis pour débattre de l’attitude et des mesures à adopter suivant l’évolution de la situation politique de Madagascar. « L’armée a toujours été neutre mais elle s’inquiète de la décision à Maputo qui pourrait créer des troubles », affirme le général Ndriarijaona. Si cela est de nature à troubler l’ordre public, « l’armée et la gendarmerie ne vont jamais accepter ».

Le chef de l’Etat-major essaie de garder toute la troupe dans les rangs et réfute que certaines mouvances politiques ont des légalistes ou des fidèles au sein de l’armée. « L’essentiel c’est l’unité car la division ne peut qu’engendrer des problèmes pour toute la société », clame le général Ndriarijaona. Il invite les militaires à ne pas prendre des initiatives à moins que cela n’ait fait l’objet d’une concertation. Selon le chef de l’Etat-major, « l’armée ressent le mal que le pays endure en ce moment ».

Mouvance armée

Son nouveau grade de général de brigade ne fait pas encore oublier que André Ndriarijaona, a été parmi les colonels  à la tête de la mutinerie d’une faction de l’armée à avoir appuyé la prise de pouvoir de Andry Rajoelina en mars 2009. Autoproclamé chef d’Etat-major, son talent de rassembleur a été durement mis à l’épreuve et il n’a de cesse rappelé les militaires en service auprès de politiciens à revenir à la caserne. Il a fait sortir de prison, pour un autre lieu de détention plus approprié, les militaires qui ont été arrêtés avec le premier ministre des légalistes Manandafy Rakotonirina.

Aujourd’hui, l’armée est toujours commandée par ceux qui ont participé au renversement du régime démocratiquement élu. Les compagnons de lutte de Andry Rajoelina réfute pourtant toute étiquette politique. Leur participation au coup d’Etat militaro-civil aurait même été politiquement correcte : s’opposer à l’utilisation des forces armées contre la population. La création d’escadron puis de force spéciale qui est une police politique officieuse a terni cette propagande. Les « jeunes officiers » de la sécurité présidentielle qui brandissent des avertissements envers les mouvances s’opposant au régime ont rappelé la couleur politique de l’armée.

Et si l’armée était l’énième mouvance. L’idée d’un directoire militaire a été un temps évoqué au niveau des commandements. Une liste de ministres, tous des officiers, a été préparée, au cas où les mouvances politiques n’arriveraient pas à s’entendre sur la formation d’un gouvernement. Selon des indiscrétions dans la haute sphère de l’armée, ce schéma du retour au directoire militaire aurait même été proposé à Andry Rajoelina mais le président de la HAT ou de la transition avait demandé du temps, privilégiant la solution politique. Quoiqu’il en soit, ce ne sera pas un coup d’Etat mais un passage de pouvoir dans le chemin inverse au cas où le jeune TGV le perdrait au profit des autres mouvances politiques. Celui qui était virtuellement pressenti pour diriger le pays n’était autre que le chef de l’Etat-major, le général Ndriarijaona. Il se passe vraiment des choses dans les réunions des commandements des différents corps de l’armée.