La mouvance Ravalomanana a retrouvé une entente avec la mouvance Zafy et le Monima pour monter un bloc d’opposition contre le président de la HAT. Les trois entités réclament les 50% des sièges du gouvernement de consensus pour que le contre-pouvoir soit effectif. La mouvance Rajoelina devait défendre le statut de président de facto de leur chef de file. Les noms des « ministrables » qu’elle a proposés au premier ministre ne correspondent pas aux postes en jeu. La HAT espèrent faire valoir le pouvoir « royal » promis à Andry Rajoelina pour placer un allié dans les ministères de souveraineté non occupés par le tandem TGV-UDR C.
A défaut de clé de répartition, la bataille symbolique pour les ministères de souveraineté s’est réduite à une guerre d’intérêt politico-économique. Le ministère des Affaires Etrangères n’est plus une priorité pour les mouvances depuis la signature de la feuille de route. Le choix du ministre de la Défense est contrôlé par les commandements de l’armée ouvertement pro-Rajoelina. Par contre, le ministère des Finances est très disputé. Même si les caisses de l’Etat ne sont pas remplis à ras bord, l’argent est toujours le nerf de la guerre durant cette transition.
Le ministère de la Justice fait l’objet d’une âpre bataille. Christine Razanamahasoa semble hors course malgré ses bons et loyaux services envers la HAT. Les prisonniers politiques et une instrumentalisation de la justice à des fins politiques par le régime de facto ne plaident pas en sa faveur. Le candidat de la mouvance Ravalomanana serait en bonne position mais la HAT ne cède pas. L’enjeu est le fameux article 20 de la feuille de route et sa note explicative. Les forces politiques en présence pensent que du futur ministre de la Justice dépendra l’éviction définitive ou le retour aux affaires politiques du président en exil Marc Ravalomanana.
En tout cas, le TGV/UDR C se positionne sur un autre ministère qu’il n’est pas prêt de lâcher, celui des Hydrocarbures et des Mines. L’acharnement de l’autorité de fait se justifie par les intérêts qu’elle doit défendre et qui ne sont pas étrangers au changement anticonstitutionnel de gouvernement à Madagascar. Après les révélations sur le désastre écologique que l’exploitation pétrolière va causer, il faudra rassurer ces « partenaires ». La mouvance Zafy risque de faire un grand « ampamoaka » pour divulguer les dessous des contrats. Elle a même déniché la candidate idéale, une femme experte des produits pétroliers qui a fait ses gammes aux Etats-Unis.
Cet ultime marchandage pour trois ministères risque de bloquer le processus. La clé de répartition proposée par le premier ministre de consensus ne satisfait personne. La mouvance Ravalomanana menace de retirer sa confiance en Omer Beriziky s’il n’y a pas un équilibre de pouvoir dans le gouvernement. De l’autre côté, le noyau dur de la mouvance Rajoelina voudrait forcer le nouveau premier ministre à la démission plutôt que de céder un important pouvoir à l’opposition. Dans les deux cas, le processus de la feuille de route est en péril. Il faudra encore que la troïka arbitre le litige de manière officieuse.