mercredi , 24 avril 2024
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La vice-primature chargée de la Santé n’arrive pas à satisfaire les revendications des médecins grévistes ni les obliger à reprendre du service. Le ministère se veut rassurant, annonçant que des décisions favorables ont déjà été prises mais des procédures restent à suivre. Le secrétaire général, Ahmad Ahmad appelle les médecins à faire preuve de patience et respecter leurs obligations.

Grève des médecins : le ministère de la santé n’arrive pas à baisser la tension

Face à la généralisation et au durcissement de la grève des médecins, le ministère de la Santé a enfin réagi pour apaiser la tension. Le gouvernement de transition n’est pas contre les revendications mais demandent du temps pour que la question soit réglée. Le secrétaire général Ahmad Ahmad rapporte que le Conseil supérieur de la fonction publique a déjà approuvé les indemnités réclamées par les médecins. Cela concerne en particulier le risque et le travail insalubre. Un projet de décret est déjà en cours d’élaboration. Il sera proposé au conseil du gouvernement et sera débattu notamment avec le ministre de la Fonction publique et le ministre des Finances.

La deuxième revendication concerne la grille indiciaire. Monsieur Ahmad laisse entendre qu’une révision à la hausse est en étude au niveau du ministère de la Fonction publique. Le SG du ministère de la Santé se montre conciliant avec les grévistes. « Les revendications sont justifiées puisque les salaires sont très bas par rapport au travail », reconnaît-il. A l’embauche, un médecin qui a un doctorat, soit un niveau de Bac+8 ou 9 s’il y a spécialisation gagne le même salaire qu’un caporal de l’armée, militaire de carrière et titulaire du Brevet du secondaire, soit environ 300 000 ariary. La comparaison n’est pas fortuite puisque les revendications salariales ont été ravivées depuis que la HAT s’est mise à surmotiver les militaires.

Les médecins réclament beaucoup : un salaire décent et adapté à leur compétence tout en bénéficiant d’un statut particulier. Le syndicat et le mouvement de grève durcissent leur position jusqu’à la satisfaction des revendications. « Le statut particulier des magistrats ne s’est pas fait en quelques jours », tempère le SG Ahmad. Il insiste à ce que les médecins reprennent leur travail puisque l’administration est déjà en train de faire le nécessaire et les procédures risque de prendre encore du temps. « Le médecin a une obligation d’accueil, de soin et d’assistance », rappelle-t-il.

Le mouvement de grève des médecins a commencé au début de l’année avec le système de week-end prolongé au lundi et qui devait s’allonger d’un jour au file des semaines. Un mois après, la situation est critique dans les hôpitaux publics. Les médecins n’assurent même plus un service minimum et ne traitent que les cas d’urgence et les réanimations. Les consultations sont jugées non urgentes et reportées ultérieurement. Les malades et leur famille grognent. Le ministère de la santé est dans l’embarras. « Le ministère est comme un parent partagé entre ses deux enfants, d’un côté il y a les médecins qui souffrent de leur situation, d’un autre côté, il y a les malades avec leur maux », dit avec philosophie le SG Ahmad. Il met la pression sur les médecins afin qu’ils reprennent leur travail auprès des patients.

Bizarrement, ce sont les autorités qui ont essayé de politiser la grève des médecins, estimant qu’il s’agit d’un bâton dans les roues du train de la transition. Diviser pour régner, la stratégie a été adoptée pour désolidariser les paramédicaux du mouvement des médecins.  Le syndicat des fonctionnaires vient à la rescousse et entend profiter du bras de fer entre les hommes en blouse blanche et le gouvernement. Pour cause, de nombreux agents de l’Etat ont eu une mauvaise surprise  en découvrant leur bulletin de paie de janvier 2010. Au lieu des +10% annoncés en grande pompe par le président de la HAT, c’est plutôt -10%. La revendication salariale risque de faire tâche d’huile. Le ministre de la fonction publique a répété maintes fois que la vraie solution est l’amélioration du statut général des fonctionnaires et non pas satisfaire les revendications de chaque corps. Pour le moment, seul les militaires ont été satisfaits par la HAT.