jeudi , 2 mai 2024
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Le président de la HAT et sa mouvance ont réussi à durcir l’unilatéralisme sous couvert d’un consensus qu’ils ont imposé. Les procédures de formation du gouvernement et de composition du parlement ont permis de renforcer l’autorité de fait. La feuille de route est en train de devenir une lettre morte.

Institutions de la transition, inclusivité et unilatéralisme de la HAT

Un gouvernement d’union nationale totalement maîtrisé, un parlement extra-large et ultra-dominé, les premières applications de la feuille de route a permis à Andry Rajoelina de garder le plein pouvoir tout en se servant de la légitimité des opposants au régime putschiste pour gagner la reconnaissance internationale. Le premier ministre Omer Beriziky a démontré qu’il est bien un homme de la mouvance Rajoelina au grand dam du président Albert Zafy qui l’avait proposé.

Andry Rajoelina a imposé ses ministres dans les postes clés et a refusé tout accord politique. L’Intérieur, la Défense, les Affaires Etrangères, les Finances et la Justice ont été jalousement gardés par l’autorité de fait. La mouvance Zafy pensait avoir réussi à obtenir le ministère des Mines et dévoiler les combines de la HAT avec les compagnies pétrolières. Il s’agit en fait d’un ministère vide puisque l’ancien ministre Mamy Ratovomalala est pressenti DG de l’Omnis. L’office des mines et des industries stratégiques serait même retiré de la tutelle de son ministère de toujours pour être rattaché à la présidence de la HAT.  

Les trois mouvances voulaient l’application stricto sensu de la feuille de route dans la mise en place des institutions. Les forces politiques devaient proposer des noms au premier ministre pour former le gouvernement. Le président de la HAT est censé signer le décret de nomination après que le consensus ait été trouvé par le premier ministre. C’était sans compter les faits accomplis d’Ambohitsorohitra. C’est finalement Andry Rajoelina qui a composé son gouvernement avec son premier ministre Omer Beriziky.

L’unilatéralisme a été moins flagrant dans la nomination des membres du parlement. La clé de répartition a été convenue avec les autres forces politiques. Toutefois, Andry Rajoelina s’est assuré une majorité confortable à faire oublier que le TGV a gagné une seule élection municipale avant le coup d’Etat de 2009. Voilà que le néo parti a 25 députés. Son allié UDR en a autant. Sur le papier, cela fait moins que les 30 sièges attribués à la mouvance Ravalomanana. En réalité, l’UDR-TGV a tout simplement 50 sièges. Les autres formations de la mouvance Rajoelina comme le HPM, les AS ou le MDN  ont été pourvues de 10 sièges chacune.

En tout cas, on est très loin de la répartition équitable entre les 4 mouvances. La HAT n’a pas voulu entendre parler de la restructuration du parlement. Préférant l’élargissement afin de garder une majorité confortable, Andry Rajoelina a marqué l’histoire avec ses 600 parlementaires pour 20 millions d’habitants. Sans surprise, Dolin Rasolosoa, un général TGV sans carte de parti, a été reconduit à la tête du Conseil supérieur de la transition. Sans la mouvance Zafy ni celle de Ratsiraka, Mamy Rakotoarivelo de la mouvance Ravalomanana revendique le poste de président du Congrès de la Transition. Il espère un vote sous forme d’accord politique.

Finalement, la transition après la feuille de route de la SADC sera inclusive mais non consensuelle. La mouvance Zafy s’est abstenue de proposer des noms pour le parlement après avoir été flouée par le duo Rajoelina – Beriziky lors de la formation du gouvernement. La centriste Sarah Rabeharisoa démissionne du CST pour condamner le nom respect de la feuille de route. La mouvance Ravalomanana continue à s’opposer mais de l’intérieur. Mamy Rakotoarivelo a beaucoup perdu et n’a pas pu éviter que sa troupe ne soit réduite à être spectatrice. Même s’il était élu président du Congrès de la transition, il n’aura aucun pouvoir faute de majorité.