jeudi , 2 mai 2024
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La classe politique malgache est au chevet de Jacques Sylla, l’ancien président de l’Assemblée nationale et premier ministre dans les années 2000. L’homme a eu un parcours intéressant, flirtant avec le sommet tout en suscitant au cours de sa carrière des controverses.

Jacques Sylla, une grande figure politique des années 2000 s’est éteinte

Amoindri par un problème de santé, qui serait un cancer, Jacques Sylla était méconnaissable durant les derniers mois de sa vie. Les cheveux blancs et le corps amaigris donnaient une apparence de vieillard à un homme encore fringuant  et bon vivant quelques mois plus tôt. La dernière sortie politique de Jaques Sylla a été la passation de service avec le président du Congrès de la transition Mamy Rakotoarivelo. L’ancien député Boniface Zakahely ne croyait pas si bien dire quand il avait appréhendé avec des propos outrageux l’ancien président de l’Assemblée nationale. L’heure de la fin a été presque prévisible pour Jacques Sylla.

Cet illustre homme politique laisse un souvenir partagé entre une admiration pour un homme d’Etat et le mépris pour un « politicard » qui change de camp pour être dans le bon wagon.  C’est la preuve que les malgaches vivent la politique toujours de manière passionnelle.  On peut donc aimer ou haïr le regretté Jacques Sylla. La sagesse malagasy qui dit que l’on ne doit pas quereller avec un mort n’a pas été malheureusement toujours respectée.

Cette rancœur d’une partie des malgaches que le politicien emporterait dans sa tombe date du 14 mars 2009. C’était le jour où Jacques Sylla était venu sur la place du 13 mai pour afficher son soutien à Andry Rajoelina et demander la démission du président élu Marc Ravalomanana. La foule l’avait chaudement applaudi quand il faisait le signe « V » des TGV avec la main, feignant d’en donner une autre signification : « j’ai deux choses à vos dire ».

Les partisans de Marc Ravalomanana n’ont pas apprécié cette « trahison » de Jacques Sylla. Les circonstances ont été plus que troublantes puisque le président de l’Assemblée nationale était justement parmi les négociateurs du régime  en place face aux putschistes. C’est lui qui allait dire au président de la République de ne pas se rendre à Ambohimanambola pour des raisons de sécurité car Andry Rajoelina est venu avec des dizaines d’individus.

Une fois la négociation rompue, Jaques Sylla a changé de camp. Depuis, il a été ménagé par les nouvelles autorités de la transition. L’Avocat n’a pas plaidé pour la préservation de l’assemblée nationale qui a été dissoute par Andry Rajoelina. Depuis, il a travaillé dans ses bureaux à Tsimbazaza pour assurer les affaires courantes comme s’il y avait encore des activités au « palais de la démocratie ».

Ambition et trahison sont des mots qui sont évoqués, à tort ou à raison, lorsque l’on parle de Jacques Sylla, passé de son statut d’avocat à un maître de la politique.  La classe politique, toutes mouvances confondues s’est inclinée devant sa dépouille dans son domicile sis à « Petite Sainte Marie » à Antaninandro – Ampandrana. Après la visite de condoléances d’usage, le couple Rajoelina est resté quelques heures aux côtés de la famille Sylla. S’il en fallait tirer une signification politique, on peut en conclure quelle était la dernière famille politique de Jacques Sylla.