vendredi , 10 mai 2024
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Pour son premier discours officiels, alors que lui-même ne l’est pas encore, l’ambassadeur de France à Madagascar a donné des leçons à la HAT, au régime Ravalomanana et au corps diplomatique. Il faudra compter sur une imposante présence française, avec un ambassadeur conquérant qui se donne le droit de tancer tout le monde.

Jean Marc Châtaigner fait la leçon à tout le monde

Son ton vif et son attitude à fleur de peau rappelaient que l’ambassadeur Jean Marc Châtaigner s’est retenu quatre longs mois avant de s’exprimer. Il s’est donné un droit de réponse à toutes les attaques, rumeurs, insinuations dont il estime que la France a fait l’objet dans le contexte de la crise malgache. « La position de la France est claire, comme celle de l’UE, de l’ONU, de l’UA, de la SADC, de l’OIF, de la communauté internationale : l’appui à la solution politique malgache inclusive pour un retour à l’ordre constitutionnel ».

Jean Marc Châtaigner rappelle le principe diplomatique des pays occidentaux en général. « La France ne reconnait pas les gouvernements, elle reconnaît les Etats ». Paris n’a pas l’intention de reconnaître la HAT, ni celui l’a précédée, ni celui qui prendra sa suite. « La France reconnaît Madagascar », dit-il, jetant malgré lui une petite confusion sur un détail grammatical qu’est le temps présent. 

Justement, le malaise entre la France et Madagascar serait né de mauvaise compréhension et d’interprétation mal intentionnée. Jean Marc Châtaigner déclare avec une note de mépris de pas donner de l’importance à tout ce qui est de la littérature ou des commentaires sur la prétendue position de la France.

L’ambassadeur français a épinglé tout le monde dans son discours du 14 juillet. Il a mis en garde la HAT sur la stratégie de celle-ci afin de sortir de la crise politique. « Une solution entièrement unilatérale créerait plus de problème qu’elle n’en résoudrait ». La France met la pression sur Andry Rajoelina à négocier pour une charte inclusive et consensuelle mais veut un nouvel ordre constitutionnel et non pas un retour à l’ancien.

L’ancien régime a été fustigé par Jean Marc Châtaigner. Sur l’implication de la France dans la déstabilisation suivie de coup d’Etat à Madagascar, l’ambassadeur a haussé le ton et a parlé d’insinuation sans fondement. « Ce sont des paroles prononcées sous le coup de l’énervement et de la colère qui est mauvaise conseillère », essaie-t-il de relativiser. Il a dit avoir accepté les excuses personnelles de parlementaires et d’anciens ministres qui sont revenus sur leur propos.

Le président Marc Ravalomanana a été la plus grande cible de l’ambassadeur Châtaigner. Ce dernier a pris le soin de tancer par la même occasion les autres représentations diplomatiques à qui il demande de s’interroger sur la position de la communauté internationale avant la crise malgache. « Ce qui est important est dans ce que l’on fait mais aussi dans ce que l’on ne fait pas », dit-il.

Le corps diplomatique serait donc responsable pour ne pas avoir parlé suffisamment fort quand l’Etat a privilégié le monopole, a porté atteinte aux droits et à la liberté d’expression. La France a effectivement vu ses « intérêts » remis en cause ces dernières années. Selon Jean-Marc Châtaigner, il fallait sanctionner Marc Ravalomanana, à moins que la France ne sanctionne l’Etat et non pas le gouvernement.  « Si la communauté internationale a «  décidé de suspendre plus tôt les aides budgétaires », la crise aurait été évitée, clame l’ambassadeur. Le coup d’Etat est tout excusé. Tout le monde a-t-il pris bonne note de l’enseignement de monsieur Châtaigner.