vendredi , 17 mai 2024
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Le Secrétaire d’Etat français à la Coopération, Alain Joyandet, est à Madagascar accompagné par le monsieur Afrique de la France et non moins conseiller du président Sarkozy, André Parent. Les deux personnalités ont été reçues par le président de la HAT dès leur arrivée. Andry Rajoelina a essayé de rallier la France au fait accompli résultant de ses propres initiatives contestées. Il se cacherait derrière la CENI qu’il a mise en place par décret pour le reste du processus unilatéral vers des élections.

Joyandet à Ambohistorohitra : Andry Rajoelina plaide pour le fait accompli

D’habitude, c’est au chef de l’Etat que l’on rend visite en dernier. Soit, il n’y a pas un chef d’Etat officiel ou reconnu, soit le pays est vraiment dans une situation inhabituelle. Peu importe, c’est Andry Rajoelina qui a avancé en premier ses pions dans le but d’obtenir les faveurs de la France. De la rencontre entre le président de l’autorité de fait et Alain Joyandet, la HAT communique surtout les propositions faites par le premier. L’essentiel est pour la mouvance Rajoelina de « confirmer la décision du peuple malagasy lors de l’atelier de consensus élargi Teny ifampierana ». Même si la représentativité ni la légitimité de cette fausse conférence nationale est contestée par les autres mouvances politiques et une bonne partie de la société civile, Andry Rajoelina prétend qu’il y a eu une convention entre les forces vives de la nation. 

La feuille de route Rajoelina qui est ouvertement unilatérale est donc mise de côté pour faire place à un consensus aussi élargie que virtuel. C’est au nom de l’atelier Teny ifampierana que le président de l’autorité de fait accompli a présenté à Alain Joyandet le nouveau plan de sortie de crise. La première étape décisive est l’organisation de l’élection des députés qui vont siéger dans l’assemblée constituante. Le calcul politique est simple pour la HAT : écourter le plus possible la cohabitation dans le cadre d’un gouvernement d’union nationale et faire voter une constitution sans passer forcément par un référendum.

Ce double objectif n’est pas gagné d’avance. La HAT entretient le flou dans ses intentions derrière un tâtonnement plus que maladroit. Le gouvernement d’union nationale pourrait en effet être en place juste pour préparer les législatives que Andry Rajoelina annonce pour bientôt en laissant à la Commission électorale d’en déterminer la date. Il pourrait aussi continuer jusqu’à la fin de la transition toujours prévue avant le 31 décembre 2010, supposant que l’Assemblée constituante ne se consacre qu’à sa mission qui est l’élaboration et le vote d’une constitution de la 4ème République et non pas de constituer une majorité pour gouverner.

En tout cas, Andry Rajoelina affirme être « prêt à collaborer avec les personnes de bonne volonté dans la formation d’un gouvernement d’union nationale qui va diriger le pays jusqu’à l’élection législative ». Est-ce celle de l’assemblée constituante ou celle d’une assemblée nationale. La HAT a déjà avancé contre l’avis des juristes l’hypothèse improbable de transformer l’assemblée constituante en une chambre basse ordinaire après l’élection présidentielle. Ces députés formeront donc le gouvernement, mais quand, sous quel type d’assemblée.

Andry Rajoelina a défendu devant Alain Joyandet la légitimité de la Commission électorale nationale indépendante. Il s’agit d’un raccourci qui permet d’éviter de passer par les institutions d’un régime de transition consensuelle et inclusive tel que défini dans la charte de Maputo. Pour sacraliser cette institution déjà très critiquée, le président de la HAT demande à la France de s’impliquer en sollicitant l’envoi d’experts en élection pour aider les membres de la CENI. L’Etat HAT se défile de  convoquer les citoyens aux urnes et déterminer la date du scrutin, afin d’éviter officiellement, d’être taxé de partial et faire oublier l’unilatéralisme.