vendredi , 10 mai 2024
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Divers événements risquent d’ébranler la Haute Autorité de la Transition qui a pris le pouvoir après le coup d’Etat de mi-mars. Certains légalistes estiment déjà que les jours du régime putschiste sont désormais comptés.

La HAT dans l’œil du cyclone

Défection par-ci, déception par-là. Les considérations négatives à l’égard de la Haute Autorité de la Transition ne manquaient pas ces derniers jours. La situation semble se compliquer pour les tombeurs de Marc Ravalomanana, à mesure que le temps passe.

Quatre mois après le coup d’Etat de mi-mars, l’on est en droit de se demander si la Transition conduite par Andry Rajoelina a encore beaucoup de temps devant lui pour diriger le pays à sa manière.

L’armée en particulier et les forces de l’ordre en général sont en effet toujours foncièrement divisées. En témoigne une vive altercation qui a failli se terminer par des échanges de tirs entre des éléments de la Brigade criminelle de la police et des membres de la fameuse Force d’intervention spéciale (FIS) regroupant des commandos à la solde de la HAT. 

Le malentendu entre les deux entités concernait un banal conflit de compétence, étant donné que les deux organes tombaient sur une même affaire d’escroquerie.

Dans le même temps, des réservistes de l’armée, qui ont soutenu, il y a encore quatre mois, la manifestation de rue dirigée par Andry Rajoelina, ont commencé à hausser le ton. Ils s’estiment lésés par rapport aux militaires en exercice qui ont récemment été primés par la HAT.

Sur le terrain politique, les agissements de la nouvelle opposition radicale, incarnée par le CRN de l’ancien président Alebrt Zafy, risque de désavantager les dirigeants de la Transition. 

Alors que Marc Ravalomanana est censé être le principal rival de Rajoelina, voila en effet qu’un troisième larron se démène pour faire entendre sa voix. Le camp Zafy prévoit même un gouvernement insurrectionnel dénommé « gouvernement de salut public » si la Charte de la Transition n’est pas signée pour bientôt.

Au cas où Albert Zafy passe à l’acte, la Haute Autorité de la Transition pourrait lui réserver le même sort que celui de Manandafy Rakotonirina, Premier ministre nommé par Ravalomanana. Pour ne pas faire deux poids deux mesures, une arrestation des membres du « gouvernement » Zafy n’est pas exclue. Une situation qui ne conduira toutefois pas à un apaisement politique.

Il ne faut pas oublier non plus que les légalistes qui exigent le retour au pouvoir de Marc Ravalomanana  n’ont pas dit leur dernier mot. Le rassemblement quotidien se poursuit bel et bien actuellement et pourrait, en cas de bouleversement de la situation, constituer une véritable bombe à retardement pour la HAT.

Dans le domaine social, un nouveau groupement des « anciens militants du 13 mai » dirigé par un certain Roger Rakotomanga a également fait savoir leur «déception» après avoir lutté sur la place publique pour soutenir la « révolution » de Andry Rajoelina. Rakotomanga estime que l’aspect social n’est toujours pas considéré par la HAT alors que la population connaît toujours les mêmes difficultés qu’auparavant. 

En définitive, la fragilité de la HAT éclate désormais au grand jour. Des dissensions internes pourraient aussi miner le régime putschiste. Des observateurs sont persuadés qu’en cas d’élection, les actuels dirigeants de la Transition n’arriveront jamais à s’entendre sur un éventuel candidat unique.