mercredi , 24 avril 2024
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Si la grève générale des fonctionnaires est a priori « politique », la série de grève qui secoue l’apparente stabilité sociale est avant tout syndicale. La HAT dénonce naturellement une récupération voire une motivation politique derrière les revendications. Après les hôpitaux et les centres de santé, les universités risquent de connaître une situation de blocage.

La HAT submergée par les revendications sociales, les universités en crise

A force de faire de la propagande sur la bonne santé économie de l’Etat qui voit sa caisse bien approvisionnée par les recettes intérieures, le gouvernement de transition a perdu son capital sympathie qui lui donnait droit à une certaine indulgence. Les enseignants-chercheurs et les étudiants sont sur le point d’engager un bras de fer avec le ministère de l’Enseignement supérieur. En face, les tenants du pouvoir avance la même excuse : ce n’est qu’une période de transition et le moment n’est pas propice pour satisfaire toutes les revendications. La tension sociale monte et les défaillances de l’Etat se révèlent au grand jour.

Le syndicat des enseignants-chercheurs ou SECES revient à la charge après avoir lâché du lest durant le mois de février. La rentrée universitaire devait en effet avoir lieu le 01 février 2010 mais elle n’a pas vraiment démarré. Certes, certains cours ont déjà commencé à être dispensés aux étudiants, ce qui a permis de cacher la menace de grève. Il y a eu quelques rebondissements dans cette revendication des enseignants-chercheurs. Vers le 20 février, afin de désamorcer la crise, le ministère de l’Enseignement supérieur avait alors annoncé que les indemnités de recherche promises depuis octobre 2009 seront dans la fiche de paie de février. 

La joie des enseignants a été de courte durée. L’indemnité de recherche a été effectivement accordée. Seulement, le ministère a réservé une mauvaise surprise : le montant a été réduit à seulement 300 000 ariary par mois au lieu des 800 000 ariary déjà accordés par voie de décret. Pour ce faire, un autre décret abrogeant celui d’octobre 2009 a été pris. Pour sa défense, le ministre de l’Enseignement supérieur affirme que les indemnités ne sont pas définitivement compromises mais elles ne sont pas possibles en cette période difficile. En réponse, le SECES a voté pour la grève. Les enseignants pro-HAT dénoncent « ce blocage décidé par une centaine d’électeurs parmi le millier d’enseignants ». Un groupement d’enseignant « engagé pour le développement » est chargé de tuer la grève. Il dénonce le supposé caractère politique des actions du SECES qui fait des revendications en temps difficile. Pour une déclaration politique, difficile de faire mieux.

Les étudiants montent aussi au créneau pour faire valoir leurs revendications : une augmentation de 100% des bourses d’études, soit 40 000 ariary pour le premier cycle et 80 000 ariary pour le second cycle. Les associations d’étudiants réclament aussi une augmentation du montant prévu pour l’équipement et une aide pour la soutenance de mémoire et thèse de l’ordre de 200 000 ariary. Ces revendications étaient prêtes à être communiquées en public au président de la HAT. La cérémonie de la pose de la première pierre de la construction d’un foyer d’étudiants à Ankatso avait alors été ajournée parce que Andry Rajoelina a préféré inaugurer la tribune du stade Rabemananjara à Mahajanga.

Ces revendications conjuguées des enseignants et des étudiants posent la question sur le budget de l’enseignement supérieur. Le SECES campe sur sa position estimant que les indemnités ont été prévues dans le budget de l’Etat mais aurait été affectées à d’autres corps. Pour le cas des étudiants, il faudra pratiquement une révision de la loi, ou plutôt du décret de finance. Depuis plus de dix ans, le problème des bourses d’études contraint le ministère de l’Enseignement supérieur à caser l’année universitaire sur une année civile. Le choix du mois de mars pour la rentrée universitaire au lieu de janvier se justifie par la disponibilité du budget qui n’est difficilement effective dès janvier.  Cette année, le ministre Tongavelo a essayé de faire mieux en choisissant février mais cela ne lui a pas vraiment réussi.