vendredi , 10 mai 2024
enfrit
La HAT a en horreur Joaquim Chissano, le médiateur attitré de la SADC et de la Communauté internationale dans la résolution de la crise malgache. Cela n’a pas empêché les « faux » sénateurs de la mouvance Rajoelina de recevoir finalement les émissaires issus de la Fondation de l’ancien président mozambicain. Le film de la fusillade du 07 février 2009 a été diffusé au palais du sénat pour persuader l’équipe du Dr Leonardo Simao de la version HAT des événements.

La médiation de la SADC en mission d’écoute a rassuré la HAT

Les scènes violentes du 07 février ont été recontextualisées pour servir d’argument politique, de justifier la prise de pouvoir par Andry Rajoelina qui y a envoyé son chef de gouvernement insurrectionnel, d’un côté, de discréditer le président en exil Marc Ravalomanana, d’un autre côté. Cela a-t-il suffi pour scandaliser les émissaires de Joaquim Chissano et de changer leur position pour enfin condamner le président élu et adouber le chef de l’autorité de fait. On n’en est pas là mais les membres de la HAT ou de la mouvance Rajoelina ont affiché un certain optimisme à la fin de la projection choc, estimant que ces émissaires et la SADC en général ont déjà fléchi leur position. A preuve, il ne serait plus question d’appliquer les accords de Maputo et d’Addis Abeba lors de cette visite en terre malgache.

Le vice président de la HAT qui a mené les manifestants à Ambohitsorohitra le 07 février 2009 a-t-il été assez persuasif. Le général retraité Dolin Rasolosoa assure que les positions des émissaires de la SADC sont devenues plus souples. « Que nous malgaches continuions les négociations, c’est une affaire entre nous », a-t-il déclaré. La HAT s’est ravisée d’empêcher les émissaires de Joaquim Chissano ou ce dernier de fouler le sol malgache. « Nous ne pouvons pas nous détacher de la communauté internationale » a conclu Dolin Rasolosoa.

Henri Ranaivoarison, membre de la HAT, a apprécié l’attitude des émissaires conduits par le Dr Simao. «  Ce sont des gens plus décontractés, on ne peut pas dire qu’ils ont des ordres à exécuter », a-t-il expliqué. Il s’étonne presque de l’inefficacité de la propagande de la HAT sur le plan international. « C’est étonnant qu’il y a des personnes qui disent ne pas connaître la réalité qu’il y avait à Madagascar avant 2009 », clame-t-il. Pour apaiser l’atmosphère, le Dr Simao a déclaré qu’il est possible de lever les sanctions contre les dirigeants de la HAT si les conditions sont réunies.

Chissano attendu pour accompagner

Le Dr Leonardo est venu avec son équipe pour une mission d’information. C’était plutôt une mission d’écoute auprès des acteurs politiques malgaches et de la société civile. Les parties concernées sont en droit de faire des remarques sur la médiation a-t-il concédé face à l’attaque dirigée par la HAT à l’endroit de Joaquim Chissano. Il assure toutefois que le médiateur officiel sera présent à Madagascar dans le courant du mois de juillet 2010. C’est un petit échec pour la HAT qui souhaiterait mettre Joaquim Chissano sur la touche en raison de sa prétendue partialité en faveur de Marc Ravalomanana et au détriment de Andry Rajoelina.

Le collectif Raiamandreny Mijoro et la coalition de la société civile mandatés par la HAT pour organiser le dialogue malgacho-malgache ont aussi été entendus par les émissaires de la SADC. Ils demandent à ce que la communauté ne joue qu’un rôle d’accompagnateur, laissant l’initiative aux malgaches. « Il ne leur appartient pas d’accepter ou non notre processus », revendique le révérend Paul Ramino. Une éventualité qui n’a pas été remise en cause par le Dr Simao qui est venu pour écouter. « Les organisateurs de cette initiative doivent préciser s’il demande le soutien de la médiation », a-t-il lâché, demandant aussi quels soutiens la société civile espère de la communauté internationale.