jeudi , 2 mai 2024
enfrit
Depuis la signature de la feuille de route le 17 septembre 2011 à Antanetibe-Ivato, la crise politique a évoluée par la volonté de la HAT de donner l’estocade au président renversé Marc Ravalomanana et de garder le contrôle du pouvoir. La SADC s’est fourvoyée par une note explicative à l’article 20 qui n’explique rien. Beaucoup d’autres articles demanderaient à être précisés pour mettre en place la vraie transition.

L’après feuille de route : la crise change de visage

A New-York, à la tribune des Nations-Unies, Andry Rajoelina n’était plus l’instigateur d’un coup d’Etat militaro-civil mais le président de la Haute Autorité de la transition de la République de Madagascar. Il vantait les mérites de la négociation pacifique d’une crise et de la réussite des malgaches grâce à l’esprit du « fihavanana ». Un discours qui sonne totalement faux en rapport avec la nouvelle crise amorcée par la signature de la feuille de route par les parties prenantes. La SADC a imposé un texte vague et finalement imprécis, laissant aux autorités malgaches et aux politiciens de trouver un compromis impossible depuis 3 ans.

L’autorité de fait s’est vite engouffrée dans la brèche du fameux article 20 pour tenter de procéder à l’arrestation de Marc Ravalomanana en Afrique du sud. Si la manœuvre est grotesque et n’a aucune chance d’aboutir, elle est avant tout dissuasive pour empêcher le président exil de revenir au pays après la signature de la feuille de route. Depuis, le commandant de la police militaire de la HAT a rectifié le tir, prétendant que les dix éléments des forces de l’ordre à envoyer en Afrique du sud ont pour mission de protéger le président en exil et non pas de l’arrêter. Le coup d’Etat de 2009 ne serait pas encore totalement abouti.

Vu que le retour au pays du président Ravalomanana ne pourrait pas être déterminé par un accord politique, la feuille de route de la SADC risque de devenir une lettre morte comme l’accord de Maputo. Pour éviter que l’histoire se répète, les 3 mouvances Ratsiraka, Zafy et Ravalomanana, ainsi que le mouvement de citoyens pour la conciliation mené par Raymond Ranjeva réclame la tenue d’une réunion au sommet entre les quatre chefs de file. La feuille de route semble inapplicable sans un véritable accord politique. Albert Zafy ne reconnaît pas Andry Rajoelina même si sa mouvance a signé dans le but de s’ouvrir au dialogue.

La HAT voit par la signature de ce document de la SADC une sorte de capitulation des autres mouvances et veut continuer à diriger unilatéralement sa transition. Le clan TGV et alliés tentent de détourner l’article 5 selon lequel le premier ministre ne devrait pas être de la même mouvance politique qu’Andry Rajoelina. Dans l’esprit du texte, cela signifierait que le chef du gouvernement de consensus est issu de « l’opposition », soit des 3 mouvances.

La bande des 10 manœuvre pour maintenir leur premier ministre, le général Camille vital, qui lui-même s’accroche au pouvoir. Le général Andrianafidisoa, rétabli dans son grade par la HAT, est un plan B, conformément à l’obsession d’Ambohitsorohitra de garder le pouvoir avec l’aide de l’armée.

Le fait qu’Andry Rajoelina nomme le premier ministre et les membres du gouvernement rend anecdotique les propositions des autres mouvances. La clé de répartition des sièges et des responsabilités a été évitée dans cette feuille de route, vu qu’elle a été le blocage de l’application de l’accord de Maputo en 2009.  La « bande des 10 » veulent un élargissement des institutions en gardant les personnes à leur tête alors que les 3 mouvances pensent que les institutions de la HAT sont automatiquement dissoutes quand la feuille de route a été signée.

Au final, la HAT a l’opportunité de faire croire à une inclusivité avec une chance infime mais réelle d’être reconnue internationalement sans avoir appliqué la feuille de route ni résolu la crise politique. A moins que la SADC ou les 4 chefs de file apportent des notes explicatives à chaque article à défaut d’un texte d’application. La crise politique et institutionnelle est loin d’être résolue à Madagascar.