samedi , 4 mai 2024
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L’autorité de fait établie par un coup d’Etat militaro-civil est régulièrement secouée à chaque bruit de bottes ou crise au sein de l’armée. Le présumé coup d’Etat par le projet de prise du palais de la primature a marqué une profonde division. Subissant une autorité contestée et impatients de jouer le rôle de dernier rempart, les militaires anti-HAT se manifestent tandis que les pro-Rajoelina font preuve de loyauté envers leur chef suprême autoproclamé.

L’armée en proie à une division générale : la HAT vacille

La prise de Mahazoarivo n’aurait pas été prévue pour être un combat sanglant comme le laissent entendre le chef d’Etat-major et le commandant de la Force d’intervention spéciale de la HAT. Un des prévenus a révélé lors de son interrogatoire médiatisé que les éléments « putschistes » devaient entrer sans peine au palais du premier ministre. Il rapporte que, d’une part, les gardes sont avertis du plan et d’autre part, les assaillants peuvent entrer grâce à un mot de passe. Pas d’affrontement ni utilisation de la force, l’opération devait être symbolique. Il n’en fût rien car le projet a été avorté. L’existence de « complices » ou collaborateurs parmi les gardes de la primature est indéniable.

D’après des indiscrétions, la prise de Mahazoarivo n’aurait été qu’une rampe de lancement d’un processus. Ce n’est pas forcément un coup d’Etat visant à écarter le président de la HAT mais une pression concrète pour imposer un schéma de sortie de crise. Les officiers supérieurs concernés devaient faire une déclaration à la presse dans l’enceinte de la primature. Ce lieu est le centre du commandement militaire et aussi un dépôt d’armes important. L’affaire est militaro-militaire. La HAT tente de faire porter le chapeau à Marc Ravalomanana, profitant de la présence d’anciens membres de la sécurité présidentielle parmi les militaires arrêtés. Une accusation qui a été réfutée par le porte-parole du président évincé et le chef de la délégation de la mouvance.

Le chef de l’Etat-major veut sauver les apparences face à cette division de l’armée. « Il est vrai qu’il y a des militaires en activité qui sont cités, dit le général André Ndriarijaona. Une tuerie entre militaires est inacceptable, on fait tout pour l’éviter ». Il regrette que les efforts entrepris pour apporter l’apaisement soient perturbés par des intentions de faire une effusion de sang.  « Le plus important est la solidarité de l’armée », martèle le CEMGAM. Des officiers supérieurs et des soldats loyaux envers le président évincé remettent en cause cette unité. De même, des anciens alliés de Andry Rajoelina mettent la pression sur l’autorité de fait et proposent un autre « schéma ».

Le fameux Colonel Raymond Andrianjafy a été cité par un militaire arrêté à Ambohijanaka. La forte-tête de la Force d’intervention de la gendarmerie ne se laisse pas intimider. « Si je l’ai fait, je n’ai pas peur de le reconnaître, clame-t-il. Si c’est pour faire un coup d’Etat, je ne jouerai pas au Rambo et partir à l’assaut. Je prendrai le pouvoir par les idées et non pas par la violence ». Justement, le colonel « Raymond » a des idées pour débloquer la crise politique dans le pays.

« Ce schéma comprend un comité et une feuille de route, c’est une bonne voie qui évite l’effusion de sang », explique le commandant des opérations de la FIGN. Il évoque « un comité militaire et un gouvernement militaro-civil pour pérenniser la sécurité à Madagascar ». C’est une autre idée dont le Conseil Supérieur Mixte de la Médiation et de l’Ethique voulu par le général Noël Rakotonandrasana pourrait profiter. La crise est devenue à l’instar du coup d’Etat originel : militaro-civil. Ainsi doit-être la résolution.