jeudi , 28 mars 2024
enfrit
Après deux mois de grève pacifique, les Malgaches ont montré aux yeux du monde entier leur solidarité, leur courage, et surtout leur volonté de non violence.

Le courage d’un peuple

Mais les provocations
des anciens tenants du pouvoir attisent les violences qui se
multiplient. Le sang coule malgré l’appel au calme des
nouveaux dirigeants.


Pendant
deux long mois, la population malgache a revendiqué
l’instauration de la vérité dans leur Patrie, a bravé
l’insolation et la chaleur accablante, la pluie fine ou diluvienne,
la soif, la faim et la fatigue. Si l’on ne parle que de ce qui a été
vécu sur la Place du 13 mai, au centre de la capitale.
Seulement, la lutte ne se limite pas uniquement à la
population Tananarivienne. Des représentants des différentes
régions, plus ou moins éloignées se sont relayés
sur cette même place. La lutte est celle des Malgaches tous
ensembles.




Après
avoir répondu favorablement à toutes les tentatives de
négociation avec le président sortant sous l’égide
des différentes organisations internationales, les Malgaches
ont poussé Marc Ravalomanana à devenir leur Président.
Une résolution mal digérée par les anciens
tenants du pouvoir qui, à leur tour, ont maintes fois provoqué
les manifestants. Les intimidations ont commencé quelques
temps seulement après le début de la grève
générale à Antananarivo, puis dans les grandes
villes de province : perturbations des défilés par
différents actes de violence, interdiction de manifestation,
diffamation des meneurs par voies médiatiques, politique de
division des Malgaches sur les « causes »
religieuses ou ethniques, barrage des différentes routes
nationales reliant la capitale aux autres provinces, prise en otage
de journalistes, etc.




La
proclamation du décret traduisant la crise politique actuelle
à Madagascar en «Etat de nécessité nationale»
puis en « loi martiale », la désinformation
dans les média étrangers et les communautés
internationales n’entame pas la volonté des manifestants.
Actuellement, on assiste à la phase la plus chaude. Les actes
criminels, l’incendie des stations de Radio et télévisions
privées donnant des informations sur le mouvement, les
affrontements ouverts, les menaces d’enlèvements de personnes,
à l’exemple du nouveau président de la République,
et les tentatives de saccage de la Banque centrale et de la
Trésorerie nationale. La « loi martiale »
est-elle réellement une réponse à ces violence
ou plus simplement un moyen de mieux les couvrir?





Solidarité
inébranlable


Devant
toutes ces provocations, les millions de Malgaches militant pour le
respect de leur choix politique ont prouvé une solidarité
inébranlable. Ils ont dressé des barrages pour protéger
le domicile de la famille de Marc Ravalomanana à Faravohitra
ainsi que la Banque Centrale et la Trésorerie à
Antaninarenina. Ils sont des milliers à monter la garde jour
et nuit à raison de quelques centaines par tour dans chaque
lieu stratégique menacé. De plus les différents
quartiers s’organisent pour assurer la sécurité surtout
pendant la nuit. La culture malgache, considérée comme
enterrée depuis des décennies refait surface. Les
proverbes malgaches tels « l’union fait la force »,
«un chien ne peut jamais percer toute une cohorte de pintades »
surgissent pour appuyer la population. Ceux qui ne peuvent faire ces
gardes, aussi bien Malgaches qu’étrangers résidents,
octroient des dons tels imperméables, bâches, lampes de
poches, piles ou fonds pour l’achat de nourritures pour aider les
volontaires dans ces lieux. Ainsi, les religieuses catholiques et les
femmes dorcas de l’église protestante ont pris comme mission
de préparer le repas de ces gardes constitués aussi
bien de jeunes que de moins jeunes, femmes et hommes. A chaque alerte
suspecte dans un quartier, les sifflets et les sons des cloches des
églises ainsi que les appels sur les ondes des stations
privées entraîne l’arrivée massive de la
population, s’apprêtant à défendre leur bien et
la lutte qu’elle a menée durant deux long mois. Cette
vigilance baptisée «vigilance pour la patrie »
est faite par tous et partout dans la capitale et dans les grandes
villes ou les manifs sont « chaudes ».