vendredi , 3 mai 2024
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La crise politique à Madagascar a été largement débattue à l’assemblée parlementaire des pays ACP et de l’Union européenne. Le député Raharinaivo Andrianatoandro a assisté à cette réunion en Angola, entre deux procès. Les autorités de fait issues du coup d’Etat militaro-civil de mars 2009 ont été épinglées sur le dossier des prisonniers politiques. Elles seront surveillées étroitement dans la mise en application des accords politiques trouvés entre les différentes mouvances.

Le député et prisonnier Raharinaivo Andrianatoandro rétabli par l’ACP/UE

Les parlementaires malgaches ont été invités à l’assemblée parlementaire des ACP/UE en Angola. L’invitation en elle-même a étonné du fait que l’assemblée nationale a été dissoute par l’autoproclamé président de la Haute Autorité de la Transition. Le député Raharinaivo Andrianantoandro qui a été incarcéré à plusieurs reprises par le régime de la transition a rapporté que l’ACP et l’UE, dans la résolution de la réunion parlementaire, demandent la libération des prisonniers politiques malgaches.

La réunion d’Angola a mis l’accent sur la recherche de solution pour une sortie de crise. Les pays de l’ACP ont évoqué la constitution d’une commission pour faire le suivi de l’application de ce qui a été décidé à Maputo. La République Démocratique de Congo a fait une proposition pour isoler d’une certaine manière les autorités de la transition à Madagascar. Pour ce faire, un lobby sera fait auprès des partenaires étrangers pour qu’il n’y ait pas un engagement à long terme en attendant l’instauration d’un président de la République élu et légal. L’exportation des richesses naturelles du pays, en particulier les minerais sont aussi à surveiller.

Le coup d’Etat qui a eu lieu à Madagascar a été aggravé par la dissolution de l’Assemblée nationale et du Sénat par le maire d’Antananarivo, Andry Rajoelina, autoproclamé président et poussé au pouvoir par une faction de l’armée. Les députés, à forte majorité TIM, le parti du président Ravalomanana, avaient tenté une cohabitation avec le nouvel homme fort du pays. La politique de la table rase du nouveau pouvoir a eu raison de cette initiative de la main tendue. Les membres du dernier gouvernement légal ayant fait l’objet de menaces et de chasse à l’homme, les parlementaires ont été aux avant-postes de la résistance.

Les députés TIM et les sénateurs ont fait l’objet d’arrestations politiques déguisées en des faits divers plus ou moins incongrus ou d’atteintes présumées à la sécurité de l’Etat. La palme du prisonnier de l’année revient au député Raharinaivo Andrianatoandro. Inculpé dans l’affaire des bombes artisanales qui a surtout provoqué des explosions médiatiques, le porte-parole du parti TIM a été relâché suite aux accords de Maputo. Il a de nouveau été incarcéré après avoir joué les intermédiaires entre les forces de l’ordre et les manifestants légalistes. Atteinte à l’ordre public, organisation de manifestation non autorisée, complicité de destruction de biens d’autrui… l’ardoise a été lourde pour le député.

Emprisonné pour l’exemple en vue de dissuader les manifestations politiques anti-HAT après les accords de Maputo, Raharinaivo Andrianatoandro devait comparaître le 08 décembre 2009 pour les faits relatifs à la manifestation d’Ambohijatovo. Bizarrement, ni le ministère public ni Doma Pub, une entreprise appartenant à la famille Rajoelina dont quelques panneaux publicitaires ont été démolis par les manifestants, ne se sont pointés au tribunal. Le procès est logiquement reporté à une date ultérieure fixée pour février 2010. Ce n’est pas un sursis accordé au député Raharinaivo Andrianatoandro puisqu’un verdict politique rendu en ce moment risque d’être délicat.