mardi , 7 mai 2024
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Andry Rajoelina a lancé dans un timing parfait ou douteux, selon les points de vue, son projet « Tsena mora ». Mieux vaut tard que jamais pour l’ancien maire d’Antananarivo qui a promis des PPN à bas prix lorsqu’il appâtait la foule pour renverser le président élu. Finalement, c’est l’Etat qui va payer la différence de prix avec le concours des industriels trop heureux d’écouler leurs stocks en temps de crise.

Le « tsena mora » des TGV : la promesse préélectorale

Du riz à 2500 ariary le litre, du riz à 500 ariary le kilo, du savon à 100 ariary, du sucre à 1000 ariary le kilo, c’était la promesse faite par Andry Rajeolina qui dénonçait le monopole de Tiko, un motif pour renverser le régime Ravalomanana. Après avoir épuisé le stock de riz qui appartenait à… Tiko et qui a été revendu par l’Etat à 500 ariary le kilo, le président de la HAT était à court d’arguments alors que son régime a besoin d’une propagande en permanence pour survivre. Pis, l’opération « riz à ar 500 » a été un flop sur le plan de la communication. La difficulté d’un approvisionnement « juste » pour satisfaire la demande et le vol qualifié par l’Etat qui, sous prétexte de récupérer son dû en matière d’impôts et douanes a pris beaucoup plus qu’il devait.

Finalement, la promesse de PPN à bas prix venant des pays du moyen orient s’avérait comme étant une pure propagande. Le marché a été inondé par des produits de basse qualité mais qui ne coûte pas beucoup moins cher qu’avant. A un mois du premier test électoral, Andry Rajoelina devait réagir. Le référendum constitutionnel avec un texte qui lui est taillé sur mesure devrait légaliser son pouvoir en tant que président de la transition, d’une part, lui permettre d’être éligible aux présidentielles tout en écartant ses adversaires, d’autre part. La campagne de lancement du projet « Tsena mora mitsinjo ny malagasy » ne fait pas de détour. Le TGV affiche fièrement ses couleurs bleu et orange. Le message est direct : « il a promis qu’il peut le faire ». Il, c’est Andry Rajoelina, et ce qu’il a promis c’est faire baisser les prix des PPN.

Et voila, la baisse des prix est là. Elle est artificielle, limitée dans le temps et dans l’espace. Le « Tsena mora » n’aura lieu que dans la ville du président de la HAT et un peu plus tard dans la ville de son premier ministre. Pour l’opération communication du TGV, l’Etat doit faire des sacrifices et renonce à des recettes, en particulier la TVA. « Les industries apportent aussi leur contribution, se félicite Andry Rajoelina, certains entreprises ont fait un rabais de 35% ». Pour le Syndicat des industries de Madagascar, le geste n’est pas un plébiscite pour la propagande du TGV ni un acte de bienveillance pour les consommateurs-électeurs. Le « Tsena mora » est une opportunité d’écouler des stocks. En ouvrant la porte aux produits de basse qualité et à prix très concurrentiels, l’autorité de fait a mis à mal l’industrie malgache sans soulager le porte-monnaie des citoyens.

Pas besoin de sortir la calculette, le président de la HAT se réjouit de pouvoir disposer des PPN moitié moins cher. Andry Rajoelina se défend de faire de la propagande en cette période de campagne référendaire. Ce qui ne l’empêche pas de justifier son opération : « beaucoup de malgaches qui font de petits métiers ne gagnent que 2000 ariary par jour ». Seulement, le « Tsena mora » ne sera pas pour eux exclusivement. Il suffit de venir avec un carnet du Fokontany. Il n’y en aura pas pour tout le monde car le projet ne peut satisfaire que 250 000 à 500 000 ménages. Jusqu’à quand ? Rien n’est moins sûr. Durant la campagne électorale, ce serait déjà bien.