dimanche , 5 mai 2024
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Provoqué et poussé dans son dernier retranchement par la mouvance Rajoelina, les trois autres mouvances politiques ont pris une décision par dépit : confier la tête de l’exécutif à des hauts gradés de l’armée. On s’éloigne de plus en plus des accords de Maputo à défaut de consensus.

Les trois mouvances proposent des militaires à la tête de la transition

Ce n’est pas un directoire militaire que les trois mouvances Zafy Albert, Marc Ravalomanana et Didier Ratsiraka pourraient proposer au Groupe international de contact. Il s’agit de confier les postes de président, vice-président et premier ministre de la transition à des hauts gradés de l’armée.

A tout le moins, le consensus a été trouvé entre ces trois entités. Au final, aucun des trois présidents ne souhaitent légitimer celui qui a fait un coup d’Etat à la présidence de la transition. Ils s’accordent à confier les rennes de l’Etat à une entité neutre et qui est naturellement dotée de pouvoir.

L’équation n’est pas aussi simple qu’elle n’en a l’air. Le président de la transition devrait alors être celui qui est le plus haut gradé de l’armée. Déjà, la qualité d’aînée du Vice-Amiral Hyppolite Ramaroson ne fait pas l’unanimité. Cet ancien membre du directoire à qui le président Ravalomanana avait confié le pouvoir est devenu un « témoin » utilisé par Andry Rajoelina pour faire valider son régime de transition de fait.

Qui va choisir et désigner le vice-président ou le premier ministre. Est-ce les mouvances politiques ou tout simplement le président haut gradé. Une telle guerre de siège va certainement accentuer la division au sein de l’armée.

La stratégie des trois mouvances est une contre-offensive lancée contre une armée commandée et contrôlée par d’anciens mutins qui ont les grades de colonel et de commandant. Si le parti pris des forces de l’ordre, au niveau du commandement, pour la mouvance Rajoelina est annihilé, la cohabitation politique sera plus détendue.

La proposition des trois mouvances ne correspond pas à l’esprit des accords de Maputo. Elle reste une solution possible à défaut de consensus. Elle n’est pas dénuée de logique vu que le coup d’Etat de mars 2009 n’a pas été possible sans l’implication d’une faction de l’armée.

Ce consensus à trois ne remet pas en cause les autres points sur lesquels les quatre mouvances se sont déjà mises d’accord. En clair, la composition du gouvernement ni les autres institutions de la transition à mettre en place ne sont compromises. La proposition est à transmettre au GIC avant la signature d’un accord final.

Les dernières réunions des officiers de l’armée ont influencé le cours des événements ces derniers jours. Il y a les pro-Rajoelina qui menacent de renverser leur favori si ce dernier fait trop de compromis avec les mouvances « ennemies ». Des officiers se sont regroupés juste pour défendre le poste de premier ministre de Monja Roindefo.

La position qui est la plus à prendre au sérieux serait la menace de coup d’Etat militaire dans le cas où Andry Rajoelina n’est pas légitimé en tant que président de la transition. Dans l’une de ces réunions entre officiers, un célèbre commandant a proposé de revendiquer une mouvance de l’armée. L’idée est d’avoir un quota pour les militaires au sein du gouvernement de transition. Les bruits de bottes se font entendre…