samedi , 27 avril 2024
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L’annonce de l’arrêt de l’importation de l’essence tourisme, actuellement plus connu sous l’appellation de sans plomb 91 marque une nouvelle page de l’histoire de l’automobile à Madagascar. Cette décision politique motivée par la protection de l’environnement préparée sur le plan économique.

L’histoire de la fin programmée de l’essence tourisme à Madagascar

Quand la consommation d’un produit aussi courant que l’essence tourisme ne cesse de dégringoler, on ne peut que présager sa fin. Sous le régime Ravalomanana, l’essence ordinaire n’avait pas franchement la côte. C’est normal puisque le gouvernement a privilégié la logique écologique. L’essence tourisme a gagné en qualité en devenant aussi du sans plomb. Une première dans le pays, le super carburant et l’essence ordinaire ne se différencient plus que par l’indice d’octane, SP 95 pour le premier et 91 pour le second. Avec un parc automobile constitué dans la majorité par des véhicules de plus de 15 ans, cette politique vise à réduire l’émanation du gaz carbonique dans l’atmosphère. Gare aux vielles soupapes qui ont besoin d’un carburant plombé pour être lubrifiées.   

Les vertus écologiques de la nouvelle essence tourisme (ET) n’emballaient pas forcément les automobilistes. La différence de prix avec le super carburant (SC) – ce n’est pas le même que le super plombé sur le marché européen –  commençait à fondre pour n’être plus que psychologique. Le paramètre social disparaissait, il n’y a plus de carburant de riche, plus cher et réservé aux belles berlines. En l’an 2000, le Super coûtait 1000 ariary le litre contre 680 ariary pour l’ordinaire. L’alignement des deux prix a été constaté à partir de 2005, soit Ar 1980 pour le SC et Ar 1798 pour le ET, au mois de juillet. Cette date fait référence car le changement de prix rectifiait de manière radicale la hausse des prix entre le mois de mai et juin 2005. Le SC était passé de 1780 à 2380 ariary et l’ET de 1424 à 1650 ariary.

En 2006, au début de la crise pétrolière, la hausse des prix du brut n’avait pas de conséquence sur les prix des produits raffinés distribués à la pompe : Ar 2724 pour le SC et Ar 2603 pour l’ET au mois de septembre. Il est évident que les deux types de carburant, SP 95 et SP91 sont pratiquement égaux en termes de coût de fabrication et de qualité. L’indice d’octane est un paramètre relevant plus de la mécanique. La différence de prix a tout de même fait du yoyo. La fluctuation dépendait de la quantité de stock disponible. Durant l’année 2009, le SC a toujours été 80 à 100 ariary plus cher. L’impact de la crise politique qui ralentit l’économie du pays sur la consommation de carburant se traduit plus par une baisse significative des achats que par la hausse des prix. De janvier à septembre 2009, le prix du SC est passé de 2580 à 2720 ariary, contre 2500 à 2680 ariary pour l’ET.

La disparition programmée de l’essence tourisme est illustrée par la baisse continue des importations. De 140 000 m3 en 2000, la quantité importée est tombée à 90 000 m3 en 2007. En 2002, à cause de la pénurie et des barrages économiques, Madagascar avait importé plus d’essence ordinaire (90 000 m3) que de Sans plomb 91 en 2009 (estimé à 70 000m3). D’après les statistiques de l’Office Malgaches des Hydrocarbures (OMH), l’essence tourisme est pourtant le produit préféré des automobilistes malgaches. La différence de la quantité importée est sans appel. Pour les neuf premiers mois de 2009, les compagnies pétrolières ont importé 48 622 m3 de SP91 contre 25 111 m3 de SP95. La fin de l’importation de l’ordinaire signifiera une hausse de prix pour les consommateurs. Heureusement que celle-ci ne sera pas importante.