L’UE tance le désordre constitutionnel de l’autorité Rajoelina

La HAT a été recalée à Bruxelles. La nouvelle autorité de Andry Rajoelina paie-t-elle ses erreurs de jeunesse. Les circonstances du changement de pouvoir, la gestion de la crise politique, une feuille de route exclusive… il fallait rendre compte à l’Union Européenne de ce désordre constitutionnel. Bruxelles demande des explications au gouvernement en place à Madagascar.

Il a été reproché à la HAT de multiples infractions aux principes de la démocratie et des droits de l’homme. La création de la Commission nationale mixte d’enquête pour faire office de police politique est décriée. Le parachutage de l’ancien prisonnier, politique ou pas, Pety Rakotonirina à la mairie de Fianarantsoa, est dénoncé.

Plus grave encore, les arrestations et les intimidations sur les parlementaires ne sont pas du goût de la Commission Européenne. La plus grosse erreur politique de Andry Rajoelina qui lui complique la tâche jusqu’à maintenant a été de dissoudre l’Assemblée nationale et le Sénat pour les remplacer par des personnes désignées issues de sa mouvance.    

L’Union Européenne met un bâton dans les roues de la HAT pour que cette dernière n’avance pas sur la mauvaise voie, via la feuille de route établie lors de l’assise nationale de la mouvance Rajoelina. Le changement de Constitution dans un référendum express au mois de septembre n’est pas approuvé. Le projet de texte risque en effet d’être taillé sur mesure pour celui qui a pris le pouvoir le 17 mars 2009 avec l’aide d’une faction de l’armée.

La délégation conduite par Andry Rajoelina a essayé de montrer une « réelle volonté des autorités de transition d’instaurer un nouvel ordre constitutionnel et l’avènement de la quatrième  République». Elle est venue défendre sa feuille de route qui est une vision unilatérale de la période de transition.

La HAT essaie de positiver le camouflet de Bruxelles. « Le dialogue politique renforcé avec l’Union Européenne sera maintenu comme un moyen important de discussion avec les autorités malgaches ». Ce qui a été d’ailleurs toujours le cas. L’autorité de Rajoelina doit composer avec l’UE dans la recherche d’une solution pour une sortie de crise afin d’espérer le déblocage des fonds.

L’Union Européenne a jusque-là adopté une attitude effacée dans le cadre du Groupe international de contact. Après la suspension de la médiation annoncée par Ablassé Ouedraogo de l’UA et Trébilé Dramé de l’ONU, l’ambassadeur européen Boidin a haussé le temps. La HAT a été officiellement « convoquée » à Bruxelles. Après l’ambassadeur des Etats-Unis, celui de l’UE est la cible de la propagande anti-communauté internationale des médias pro-Rajoelina.