samedi , 4 mai 2024
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Le sommet de la SADC à Luanda n’a rien sorti de nouveau concernant la résolution de la crise malgache. A Antananarivo, le médiateur Leonardo Simao est rejeté par les mouvances opposées à l’autorité de fait. Accusé de partialité voire de provocation, voulant ouvertement imposer les faits accomplis par la HAT, l’envoyé spécial de Joaquim Chissano a rencontré de la résistance et risque de compromettre la signature de la feuille de route.

Médiation partisane ou stratégique ? Simao rejeté

Si signature il y a, la feuille de route à appliquer sera celle qui a été amendée lors du Sommet de la SADC, à Sandton. En clair, le retour au pays de tous les exilés politiques dont Marc Ravalomanana, et leur participation au processus démocratique ou élection seront acceptés par les signataires.

La HAT et la mouvance Rajoelina ont toujours contesté et menacent de jeter en prison le président qu’elles ont renversé par un coup d’Etat militaro-civil en 2009 et condamné par des procès très politiques.

Cet état de fait pourrait-il expliquer la stratégie de la médiation de la SADC. Jugé un peu trop cavalier et brusque dans ses déclarations, Leonardo Simao semble faire un forcing pour protéger le pouvoir de la HAT et son faux gouvernement d’union nationale ne rassemblant que la mouvance Rajoelina rejointe par des transfuges. Est-ce pour préparer le retour au pays de Marc Ravalomanana et en échange l’autorité de fait est renforcée dans sa position actuelle.

En tout cas, le parti pris du médiateur Simao devrait avoir une autre explication qu’une supposé intention d’avantager Andry Rajoelina vu qu’il est mandaté par la SADC bien qu’il soit francophone. En attendant d’y voir clair, les trois mouvances haussent le ton.

Seule la mouvance Zafy a répondu à l’invitation de Leonardo Simao. C’était par politesse et dans le but de connaître la nature de sa mission à Madagascar au moment où un Sommet de la SADC se tient à Luanda.

Mamy Rakotoarivelo a justifié le fait que la mouvance Ravalomanana n’ait pas répondu favorablement à l’invitation du médiateur. « A notre avis, la décision concernant Madagascar ne se passe cette semaine à Madagascar mais à Luanda, Mr Simao devrait  y être pour appuyer Mr Chissano », a-t-il déclaré. « 

« Leonardo Simao cherche à semer la confusion dans les esprits des malgaches, ajoute Mamy Rakotoarivelo. Il n’arrête pas de déclarer qu’il n’y a plus de négociation, ni de médiation, ni de changement de gouvernement.  La transition ne devrait commencer qu’à partir de la signature de la feuille de route, or monsieur Simao accepte le gouvernement qui a été mis en place avant ».

A part l’application de l’amendement clair sur le retour de leur leader, la mouvance Ravalomanana réclame la mise en place d’une transition neutre. « Si Andry rajoelina et le président de la transition, le premier ministre doit être issu des opposants », a martelé Mamy Rakotoarivelo.  

« Monsieur Simao est un imposteur (sic) et il ne manque pas de toupet pour faire ces déclarations », s’insurge le chef de la délégation de la mouvance Ravalomanana. « Il gène le processus, il dit n’importe quoi, il ne mérite pas qu’on perde notre temps, il s’obstine, fait du forcing… sème la discorde chez les malgaches et ne cherche pas de solution pérenne ».

Les deux autres mouvances opposées à l’autorité de fait sont moins virulentes mais désavouent eux aussi le médiateur de la SADC. La mouvance Zafy   ne comprend pas pourquoi le Dr Simao est à Antananarivo alors que le cas de Madagascar ne figure pas à l’ordre du jour du sommet de la SADC. Elle se demande s’il s’agit d’une visite officieuse ou pour préparer la signature de la feuille de route. Le camp du professeur réclame d’autres amendements.

La mouvance Ratsiraka  a ignoré l’invitation de Leonardo Simao. « Il n’est plus nécessaire de recueillir l’avis de la mouvance », martèle Ange Andrianarisoa qui s’en tient à la position de leur chef de file. Il réclame la tenue d’une réunion au sommet à Madagascar qui réunira les chefs de mouvances mais aussi les chefs de parti, la société civile et le FFKM. A tout le moins, Leonardo Simao contribue malgré lui à un retour vers une négociation malgacho-malgache.