dimanche , 5 mai 2024
enfrit
L’ancien ministre de la Défense de la HAT prêche dans le désert mais ne rend pas les armes. Limogé pour son trop d’engagement politique, Noël Rakotonandrasana milite désormais pour la mise en place de son Conseil supérieur mixte pour la médiation et l’éthique. Cet organe qu’il souhaite voir créé au niveau de la présidence de la République, en l’occurrence de la HAT, remplacerait la médiature. Le général veut cependant un réel pouvoir.

Noël Rakotonandrasana : le CSMME pour suppléer à la médiature de la République

Créer sa propre institution, taillée sur mesure, telle est l’ambition du général Noël Rakotonandrasana. Limogé du ministère de la Défense en raison de ses bonnes intentions selon lui mal interprétées, il insiste sur la mise en place par les autorités d’un organe en mesure de rassembler les malgaches, de garantir la sécurité et enfin de résoudre la crise. Le Conseil supérieur mixte pour la médiation et l’éthique existe déjà, mais de manière tout à fait officieuse et non reconnue. Le général Rakotonandrasana en est le coordonnateur national – autoproclamé ? – à défaut d’en être le président. Son étiquette d’opposant à la HAT, après un soupçon de coup d’Etat, le placerait dans une position centrale plus ou moins crédible.

Pour le moment, le CSMME est en promotion afin de devenir une « institution » des plus officielles. « Les pourparlers avec les actuels dirigeants avancent, ils sont sur le point d’accepter », note avec optimisme le général Rakotonandrasana. L’ancien colonel « mutin » est devenu un pacifiste adepte de la médiation. « S’il faut prendre une décision afin de résoudre la crise, c’est le CSMME qui doit la prendre », dit-il, ajoutant que ce qui sera décidé par cet organe sera appliqué immédiatement. Bref, ce comité veut le plein pouvoir ; sa partie militaire sera déterminante.

Selon l’un des membres du CSMME, Zaraniaina, le juriste-botaniste qui avait fait parler de lui en annonçant la découverte d’un remède contre le sida, le dialogue avec la HAT continue. « On fait tout pour ouvrir les structures du CSMME à tous les organes qui n’ont pas de parti pris », explique-t-il. D’après ce juriste, une proposition plus concrète sera faite au président de la HAT qui décidera. « Il s’agit de légiférassions, c’est lui – Andry Rajoelina – qui doit faire de ce comité un organe officiel ».

Le  CSMME veut assumer la fonction de la médiature de la République en devenant une interface entre la HAT et les autres mouvances. Plus, le général Rakotonandrasana veut s’installer dans la durée en se donnant la mission de rassembler les malgaches, de faire une médiation efficace en cas de crise, de contrôler les actions gouvernementales… Il souhaite que le CSMME soit cité dans la Constitution et dispose d’un budget de fonctionnement inscrit dans la loi de finance.

Andry Rajoelina a essayé d’utiliser la médiature pour créer une illusion autour de son autorité : une transition consensuelle et inclusive. Le projet du général Rakotonandrasana tombe à point nommé. La HAT est tentée, il y a de quoi. Le CSMME peut en effet éclipser le Comité pour la réconciliation national qui donnera les premiers rôles à un adversaire, en l’occurrence l’ancien président Albert Zafy. Le plein pouvoir demandé par l’ancien ministre de la Défense embarrasse pourtant Ambohitsorohitra. Quand un général soupçonné d’avoir fomenté un coup d’Etat demande à entrer officiellement dans la plus haute institution qu’est la présidence, le doute est plus que légitime. Une énième fuite en avant de Andry Rajoelina signifierait un « non » diplomatique à un officier qui a des partisans au sein de l’armée et en dehors.