jeudi , 2 mai 2024
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Après avoir démontré l’unilatéralisme de l’autorité de fait au niveau du Conseil supérieur de la transition, le tandem TGV-UDR a rattrapé le coup en élisant Mamy Rakotoarivelo à la tête du congrès de la transition. La mouvance Ravalomanana n’y a pas pour autant un quelconque pouvoir faute de majorité. Ses représentants de la chambre haute se sont retirés pour dénoncer la violation répétée de la feuille de route et l’absence de consensualité.

Parlement de la transition : le dilemme de la mouvance Ravalomanana

Après un deuxième coup d’Etat politique relatif aux Accords avortés de Maputo, voilà que la mouvance Rajoelina confisque le pouvoir après la signature de la feuille de route de la SADC. Après avoir imposé ses choix et défendu certains intérêts dans le gouvernement d’union nationale, la HAT a repris tout son pouvoir illégitime au CST en gardant le siège du président et 5 des 6 membres du bureau permanent.

Les membres du CST issus de la mouvance Ravalomanana contestent ce qu’ils qualifient de violation de la feuille de route. Ils se retirent dudit conseil mais n’ont pas démissionné. Hanitra Razafimanantsoa dénonce la manière avec laquelle l’UDR-TGV a repris sa domination. « Tous les accords politiques d’avant la feuille de route sont annulés, ils ont utilisé un règlement intérieur datant de 2010 », a-t-elle fustigé.  Le règlement en question a été adopté comme étant une loi organique convenue entre la mouvance Rajoelina.

Selon Hanitra Razafimanantsoa, la HAT viole délibérément les procédures dans le but d’obtenir une ratification de la feuille de route : « c’est cette ratification qui importe pour la HAT, ils n’ont pas respecté toutes les procédures ». La mouvance Ravalomanana a déploré l’absence de consensualité au CST. « En tant que légaliste, on ne peut pas cautionner une entorse à la feuille de route », plaide Me Razafimanantsoa. Pour ne pas légitimer la manœuvre de la HAT, la mouvance Ravalomanana décide de ne plus participer aux élections des membres des commissions du CST, aux travaux de commissions ni à la ratification de la feuille de route. Elle attend que la troïka rappelle à l’ordre la HAT.

Mamy Rakotoarivelo, l’arbre qui cache la forêt

Au lendemain de l’écrasante domination des TGV-UDR au CST, la mouvance Rajoelina a fait un demi-compromis en élisant Mamy Rakotoarivelo à la tête du Congrès de la transition. Avec seulement 30 voix assurées, le chef de la délégation Ravalomanana n’était pas favori face à l’armada de représentants de la mouvance Rajoelina. Finalement, Mamy Rakotoarivelo a remporté le vote avec 184 voix sur 354. « Je suis le président du CT, je travaille pour vous membres du CT, je suis prêt au dialogue pour faire tourner l’institution », a-t-il déclaré.

« La première chose à faire, c’est la ratification de la feuille de route, c’est la loi fondamentale qui régit le pays, si elle n’est pas ratifiée au parlement, elle reste lettre morte comme tout ce qui est de la transition consensuelle », a annoncé le nouveau président du Congrès de la Transition. Le budget 2012 et la mise en application de la feuille de route figure au programme de la chambre basse. « L’apaisement social et politique, l’amnistie, tout cela fait partie de la feuille de route, ce n’est pas mon initiative personnelle pour privilégier un tel » s’est-il défendu.

Le président du CT s’excuse presque d’aborder le sujet. Mamy Rakotoarivelo  est conscient qu’il n’a pas la majorité. Son pouvoir est finalement virtuel. Son adversaire du jour, Voninahitsy Jean Eugène a été déçu mais pas abattu. « Mes amis de l’alliance, TGV et UDR auraient dû être avec moi mais ils ont fait une alliance contre nature », a-t-il lâché. Ce qui a privé de la cinquantaine de voix  qui le séparent de Mamy Rakotoarivelo. « Aujourd’hui, on a pris deux chemins différents mais demain on sera toujours ensemble », prédit celui qui a promis l’immunité parlementaire absolue aux membres du CT. Ce qui veut dire que la mouvance Rajoelina a toujours la majorité absolue. L’élection de mamy Rakotoarivelo est un consensus symbolique qui n’a pas un impact en termes d’équilibre du pouvoir.