jeudi , 28 mars 2024
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La course-poursuite entre bandits et policiers qui s’est une nouvelle fois terminée dans un bain de sang accentue le sentiment d’insécurité à Antananarivo. Cette fois-ci, l’événement s’est déroulé dans le quartier d’affaires d’Antaninarenina, à deux pas du palais présidentiel. Organès Rakotomihantarizaka tente de rassurer l’opinion sur cette violence policière en situation de légitime défense.

Peur sur la ville : la police régulièrement contrainte à la légitime défense ?

Deux bandits abattus à Antaninarenina, tombés sous les balles d’un groupe d’intervention de la police, le fait divers risque de devenir banal. L’opinion est partagée entre le sentiment de voir les forces de l’ordre veiller à la sécurité de la ville et l’embarras de voir dans les médias des corps sans vie de malfaiteurs criblés de balles. Le ministre de la Sécurité publique rapporte le récit de l’événement avec une version officielle pas totalement différente de ce que les témoins de la scène racontent : des policiers ont poursuivi deux bandits qui préparaient une attaque à main armée aux environs d’une banque commerciale à Antaninarenina. Les malfaiteurs n’ont pas obtempéré et ont usé de leur arme. « Ils ont tiré les premiers », affirme le ministre Rakotomihantarizaka. Les policiers ont riposté et les a abattus.

Le récit froid et factuel du ministre se distingue des témoignages des personnes un peu choqués de voir le sang couler sur la chaussée. « Les bandits ont été attrapés et apparemment neutralisés, soudain, le policier lui a tiré dessus », raconte un témoin, précisant qu’il a vu la scène de loin. Un autre rapporte que le policier a réagi à la vue d’une arme alors qu’il était en train de fouiller le sac d’un des bandits. Selon la police, il y a eu un échange de coups de feu à Antaninarenina alors que certains badauds pensent que les malfaiteurs n’avaient pas arme à la main. Le ministre de la Sécurité intérieure affirme toutefois que les éléments du GIR avaient répliqué en légitime défense mais ils étaient venus empêcher les bandits de commettre leur forfait. Un refus de se rendre après sommation, une menace d’arme ou un tir hostile… les supputations courent toujours.

L’un des malfaiteurs connu sous le nom de Lovakely appartient à une famille de gangster. Comme ses frères, il faisait de l’attaque à main armée sa spécialité. Comme eux, il aura été tué par les balles de la police. Lovakely et son complice non identifié avaient planifié une opération dans le quartier très fréquenté d’Antaninarenina en plein jour. Un informateur a averti la police de la présence de ce dangereux bandit  recherché pour le meurtre d’un policier et divers braquages. La cible des malfaiteurs ne serait pas la banque BOA mais un des clients. Lovakely aurait attendu une personne censée récupérer une grosse d’argent au guichet, assis tranquillement sur un banc, au jardin public d’en face. Le groupe d’intervention de la police est arrivé sur les lieux avant qu’ils ne commettent leur forfait. La fin de carrière de bandit de Lovakely ne pouvait être que tragique, comme si le scénario était écrit d’avance au vu des autres récits de faits divers.