dimanche , 5 mai 2024
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La nomination du premier ministre de consensus a été entachée d’une anomalie dont la classe politique malgache a le secret. Omer Beriziky a certes été proposée par la mouvance Zafy, mais il n’est pas issu d’une mouvance autre que celle du président de la HAT. La mouvance Ravalomanana conteste. Le nouveau premier ministre de la transition tente de trouver un consensus avec le camp du dernier président élu.

Premier ministre O. Beriziky : un consensus illégitime

A l’annonce du nom d’Omer Berziky comme étant le premier ministre de consensus, les représentants de la mouvance Ravalomanana, conduit par le chef de la délégation Mamy Rakotoarivelo se sont levés pour quitter la salle, à Iavoloha. Les Laurent Ravatomanga, Hanitra Razafimanantsoa, Olivier Rakotovazaha et les deux candidats au poste du chef du gouvernement Manandafy Rakotonirina et Pierrot Botozaza ne sont pas restés pour écouter le premier discours du premier ministre.

« La mouvance Ravalomanana n’est pas d’accord avec la nomination de monsieur Omer Beriziky comme premier ministre, ce n’est pas une attaque personnelle mais la procédure de nomination est contestable », a déclaré à chaud Mamy Rakotoarivelo. « Le PM de transition ne doit pas être de la même mouvance que le président de la HAT, or Omer Beriziky est membre influent du Leader Fanilo, le numéro 3 du parti qui est membre de l’UDR », a-t-il ajouté.

Comme la HAT n’a pas accepté que le premier ministre vienne réellement de l’opposition, Mamy Rakotoarivelo rappelle la précision du chef de mission de la troïka, Marius Fransman. « Il faut que le premier ministre de consensus soit accepté par l’opposition ou il doit être discuté », a-t-il rappelé. La réaction à chaud des membres de la délégation Ravalomanana allait dans le sens de la contestation. « Nous  n’allons pas collaborer » a réagi Manandafy Rakotonirina. L’hypothèse d’un retrait du processus de la feuille de route a été évoquée. Finalement, la mouvance va d’abord consulter son chef de file.

Les médiateurs de la SADC évitent pour le moment le problème. « Nous n’avons pas remarqué que des gens avaient quitté la salle », esquive Marius Franzman. Le vice-ministre sud-africain demande aux concernés de se référer au bureau de liaison de la Sadc, c’est-à-dire à l’ambassadeur de l’Afrique du sud à Antananarivo. « Le plus important c’est de travailler ensemble pour un meilleur futur », déclare monsieur Fransman, ajoutant que « c’est au nouveau premier ministre d’appliquer le consensus ».

Omer Beriziky espère légitimer un consensus entaché d’anomalie en impliquant la mouvance Ravalomanana dans le processus. « On peut très bien se rapprocher et trouver un terrain d’entente afin d’avancer ensemble », a-t-il déclaré.

Dans la mouvance Zafy, on essaie d’arrondir les angles après avoir faussé les cartes. « Omer Beriziky devra consulter la mouvance Ravalomanana », a prévenu Régis Manoro. Il tente de justifier la position de sa mouvance, en affirmant qu’elle a proposé un candidat d’ouverture car elle a toujours milité pour la réconciliation nationale. « Nous n’avons pas l’intention de nous séparer des mouvances qui étaient avec nous, le premier ministre va prendre contact avec elles », a insisté Régis Manoro.

Les représentants de la communauté internationale se sont montrés satisfaits de la désignation du faux premier ministre de consensus. L’Union Européenne est heureuse de voir son « candidat » choisi et ne peut que se réjouir d’avoir un interlocuteur connu lorsque les financements reprendront. La France s’extase d’être épargnée de voir un premier ministre pro-Ravalomanana. Si en France, Martine Aubry est devenue la candidate d’ouverture de l’UMP, monsieur Châtaigner trouvera-t-il la situation normale ? Impensable.