samedi , 27 avril 2024
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Le collectif des « jeunes officiers » héros du coup d’Etat de mars 2009 et devenus le bras armé officiel du président de la HAT dans le « conseil de la sécurité à la présidence » met en garde les trois autres mouvances contre toute tentative d’avoir un ministère de souveraineté. Cette pression d’une faction de l’armée est dénoncée de toute part à commencer par le ministre de la Défense nationale.

Pression sur les mouvances : le collectif des officiers TGV désavoué

Ils ont troqué leur kalachnikov contre un micro mais se montrent toujours aussi dissuasifs. Les membres influents du « collectif de jeunes officiers » sont sortis de leur obligation de réserve pour défendre leur camp : l’intérêt politique de celui qu’ils ont aidé à prendre le pouvoir en mars 2009. Récompensés depuis par Andry Rajoelina, ils portent fièrement leurs cinq boutons encore brillants sur les épaules. Aujourd’hui, ils veulent défendre leurs acquis à travers la loi régalienne. « La loi privilégie que les ministères de souveraineté nationale reviennent aux chefs de l’Etat en tant que garant de la souveraineté », clame le colonel Fomana. « Il y a des lois qu’il faut accepter et surtout respecter », ajoute le colonel Elack.

Dans les discussions sur le partage du pouvoir à travers les ministères, le conseil à la sécurité de la présidence au service de Andry Rajoelina entre dans la bataille. Le duo des anciens commandants Lyson et Charles refont surface. « Les fonctions régaliennes sous l’autorité du chef de l’Etat ne devraient faire l’objet d’aucune délégation », martèle le Lt-colonel Lylson René, ancien chef d’Escadron de la « police politique » CNME et promu commandant de la Force d’intervention spéciale.

Le Lt-colonel Charles Andrianasoavina, habitué à des interventions musclées, a étonné par son discours d’une douceur théâtrale et d’un bon sens recherché. « L’appel que nous faisons aux mouvances est ceci : monsieur Andry Rajoelina a déjà fait des concessions, si l’on suit les lois régaliennes, vous ne devez pas toucher à ses six ministères de souveraineté », prévient-il. « On sollicite votre magnanimité  pour que vous ne compliquiez pas la situation, si vous persistez c’est vous qui allez bloquer le pays », a-t-il poursuivi.

Les hommes en arme de Andry Rajoelina évoquent donc les droits régaliens pour conserver les ministères de la Défense nationale, des Finances et du Budget, de la Justice, des Affaires Etrangères et de l’Intérieur. Le ministre de la défense nationale désavoue tout de suite les « jeunes officiers » proches de la présidence en rappelant le devoir de réserve sur des questions politiques, le chef d’Etat-major et lui-même étant les seuls habitués à parler au nom de l’armée. Le général Noël Rakotonandrasana pense même que ces officiers méritent une sanction, se démarquant définitivement de ses cadets qui ont participé comme lui aux événements de mars 2009.

Les réactions des politiciens contestent ces droits régaliens revendiqués par Andry Rajoelina et son camp. Le président de la transition a été élu aux suffrages universels mais en tant que maire d’Antananarivo. Son statut de chef de l’Etat n’a été établi que par un accord entre les quatre mouvances politiques dans le pays. Il doit partager le pouvoir avec deux co-présidents de la transition et un premier ministre de consensus. Dans la mouvance Ravalomanana, on s’interroge sur la prérogative de ces officiers à faire de telles déclarations. La mouvance Zafy dénonce la pression militaire qui n’a pas lieu d’être en ce moment.