jeudi , 18 avril 2024
enfrit
La capacité d?accueil des grandes prisons malgaches est dépassée. Le régime en place compte en créer d?autres pour respecter le droit des prisonniers.

Prisons saturées

Des anciens ministres, des gouverneurs, des sénateurs, des généraux et des officiers, des miliciens, des directeurs généraux et aussi des simples citoyens. Une bonne partie de l?équipe de l?ancien régime est à Antanimora ou à Tsiafahy, deux importantes maisons d’arrêts d’Antananarivo. Il manque Didier Ratsiraka pour organiser un conseil des ministres diront les plaisantins. Le premier responsable de la prison d’Antanimora déplore l’exiguïté de la maison centrale. « Nous avons déjà accueilli plus de 40 personnes depuis le début de l’opération de pacification. Il va être impossible de continuer à recevoir d’autres. On nous a promis de les transférer ailleurs. » Explique-t-il. La plupart d’entre eux sont placées sous mandat de dépôt.

Jusqu?ici, ni les causes d?accusation, ni la liste des nouveaux prévenus ou récents prisonniers n?ont fait l’objet de publication. Mais la presse reste toujours au courant des arrestations et parfois des motifs. « Peut-être que les journalistes
connaissent quelques agents de la DGIDIE (service de renseignements) comme sources » suppute un haut responsable de cette direction. Interrogé sur le nombre des arrêtés ou des convoqués, ce dernier avançait une vingtaine de cas traités depuis le début des arrestations.

Le cas du Général Bory Jean Paul, ancien ministre de la gendarmerie nationale,
constitue une exception.
Le 24 juillet dernier, le Ministère de la Défense s’est défendu en publiant les causes de son arrestation et de son accusation, à savoir entre autres sa participation aux crimes contre l’humanité durant la crise, non-respect à la loi militaire. De source sûre, ce général est cardiaque et son médecin lui a offert un certificat médical pour qu’il puisse bénéficier d’un traitement exceptionnel.

Le ministère de la Justice se démarque

La Ministre de la Justice Alice Rajaonah constate que les arrestations sont un peu désorganisées ces derniers temps. « L’ordre de l’arrestation n’est pas de notre niveau. Notre rôle, c’est de juger l’accusé ». Selon ses dires, quelques fois, l’accusation n’est pas bien fondée et les arrêtés sont libérés après l’instruction au tribunal. « Cela risque de nuire à l’image du nouveau régime » déplore la Ministre de la Justice. Elle a même lancé des messages à l’endroit des policiers ou gendarmes, premiers responsables de l’arrestation pour que ceux-ci ne torturent pas les vrais « criminels ».  » Bien qu’ils aient commis des crimes, ils ont leur droit. Il ne doit pas être question de chasse à l’homme mais de punir les coupables » poursuit-elle.

Le Président de la République Marc Ravalomanana lors de sa visite à Ambatondrazaka (Tamatave) s’est démarqué lui aussi. Ambigü et sans avoir précisé sa cible. « Il y a des arrestations abusives. il ne faut pas dépenser notre temps à l’arrestation, passons au développement. Pourtant il faut punir ceux qui ont commis des crimes ». Interrogé lors d’une conférence de presse, il devait avancer que c’est le gouvernement qui s’en occupe.

Résistance

Des journaux rapportent que des arrêtés sont quelques fois blessés. C’est le cas de l’ancien ministre de l’information Betsimifira Fredo et de Général Bouba, fidèle à l’Amiral Ratsiraka. Le premier aurait failli perdre son oreille gauche tandis que le deuxième aurait montré une certaine résistance lors de l’arrestation et de l’enquête. Ce général, de source sûre, a même menacé de se venger au cas où il serait libéré. « Ce qui nous fait peur, c’est l’éventuelle tentative de fuite de tous les prévenus ou arrêtés » craignait un agent de la police judiciaire.