jeudi , 28 mars 2024
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Le ministre de l’Eau du gouvernement de transition nage à contre-courant dans le dossier de l’exportation d’eaux vers l’Arabie Saoudite. Si l’intérêt économique et social est réel, les riverains et les écologistes font de la résistance, rappelant une certaine affaire Daewoo…

Projet d’exportation d’eaux : Nirhy Lanto Andriamahazo patauge

Nirhy Lanto Andriamahazo a hérité d’un jeune département qui n’a pas encore révélé tout son enjeu. Entré dans le gouvernement de Monja Roindefo, l’ancien bras-droit de Andry Rajoelina risque aujourd’hui de fournir un dossier brûlant à l’autorité de transition. Le projet de vente d’eaux à une compagnie saoudienne a du mal à passer.

Et pourtant, le ministre de l’Eau ne manque pas d’arguments. Pour rassurer les défenseurs de la cause environnementale, Nirhy Lanto Andriamahazo rappelle qu’un tel projet doit avoir l’aval du Office national de l’Environnement chargé de vérifier s’il n’y a pas un impact négatif sur l’écosystème.

Le prélèvement de ces eaux en très grande quantité se fera près de l’embouchure avant que celles-ci ne se déversent dans la mer. Il n’y aurait donc pas de risque de compromettre les usages habituels de l’eau comme pour l’agriculture ou pour l’approvisionnement des populations.

Sur le Fleuve de Faraony, 1% des eaux qui se déversent dans la mer sera redirigé puis mis dans des cuves pour exportation. Cela représente tout de même 260 000 m3 par jour. Le ministère prévoit une vente en gros, à l’opposé de la vente en détail pour les eaux mises en bouteille. Il table sur une recette de 60 000 dollars par jour, se conformant aux prix pratiqués dans le monde. « Tout peut se passer très vite car l’opérateur saoudien est déjà dans le pays », rapporte le ministre de l’Eau. Il note toutefois « qu’aucune décision n’a été prise ».

L’eau est donc un business qui marche. Nirhy Lanto Andriamahazo peine cependant à convaincre. Les recettes seront utilisées pour le bien de la population malgache, insiste-t-il. « C’est de l’eau qui vont se perdre dans la mer et que l’on transforme en argent », dit le ministre, ajoutant que cela permet  surtout de financer des projets d’approvisionnement en eau potable les zones arides dans la partie sud du pays.

« C’est un projet qui a été déjà en discussion avant – c’est-à-dire en 2008 – mais peu de gens le connaissent », relativise le ministre de l’Eau. Nirhy Lanto Andriamahazo se dédouane ainsi de l’initiative prise par son prédécesseur. Le projet rencontre en effet pas mal d’opposition. Dans la région sud-Est, une quinzaine de communes ont lancé une pétition contre la vente d’eaux à des étrangers.

En voila un dossier qui risque de mettre à mal à l’aise le gouvernement de transition. Andry Rajoelina a fait du contrat de bail demandé par Daewoo Logistics son cheval de bataille pour renverser le président élu, accusant ce dernier de vendre la terre des ancêtres.

Aujourd’hui, la vente d’eaux à des étrangers est aussi considérée par certains comme un sacrilège. D’autres s’inquiètent du rapprochement du régime Rajoelina avec les riches saoudiens tout en s’éloignant des institutions et pays partenaires habituels.