jeudi , 18 avril 2024
enfrit
Le régime HAT hausse le ton et dénigre avec une certaine véhémence ceux qui osent le critiquer. Pour ce qui est d’une opération de maintien de l’ordre dans le sud de Madagascar entachée d’exécutions sommaires, de massacres et de violation de droits de l’homme. Amnesty International a tiré la sonnette d’alarme. Malgré sa notoriété mondiale, l’organisme international est traité de vulgaire instrument politique aux mains des Etats-Unis, le pays qui ne reconnait pas le pouvoir issu d’un coup d’Etat. Et voilà que la SADC appelle les forces de l’ordre malgache « à la retenue ».

Quelqu’un a vu des violations de droits de l’homme dans le sud ?

Le bureau de liaison de la SADC a fait une sortie remarquée en abordant l’opération « Tandroka » qui visait à traquer le chef des dahalo, voleurs de zébus, Remenabila et à arrêter les vols à grande échelle. Il a fait part de sa « préoccupation ». La gestion de ce problème d’insécurité « sans le respect des droits humains… aurait des conséquences négatives pour tout le processus électoral ».

Sur le terrain, l’opération menée par le général Radafy et le colonel Lylison a fait des victimes collatérales, notamment des villageois tués et de nombreux habitants fuyant leur domicile pour échapper aux représailles de la force spéciale en trouvant refuge dans la forêt. La SADC appelle les militaires et gendarmes à adopter « une conduite mesurée » qui serait conforme à leur « responsabilité constitutionnelle de protéger le pays et ses citoyens ».

Face à cette nouvelle « attaque », la HAT n’a pas encore riposté. Ses partisans et la mouvance Rajoelina sont pour le moment accaparés à s’en prendre à Amnesty International, la première institution internationale à dénoncer les exactions, dont des exécutions sommaires et des incendies de maison, commises par les forces de l’ordre dans le sud de Madagascar. « Ils ne savent pas ce qu’ils disent, ce sont des conclusions rapportées par des politiciens, qu’ils envoient des gens faire une enquête dans le sud », s’emporte le ministre Julien Reboza.

Le super-gendarme de la HAT essaie de discréditer Amnesty International avec le même argument. « Il faut d’abord définir qui parle et qu’est-ce qu’il a dit auparavant, on peut en conclure quelle est sa position politique » a déclaré le général Richard Ravalomanana. Ce champion de la répression en toute légalité accuse Amnesty International de servir une cause politique en épousant les conclusions des opposants qui ne feraient que des critiques sans fondements. 

La HAT et ses forces de l’ordre demandent des preuves de ces exactions alors que les témoins se terrent dans les forêts pour fuir les exactions. Le général Ravalomanana relance la thèse selon laquelle la plupart des dahalo tués sont tombés lors de l’affrontement avec des villageois et que les hommes du colonel Lylison ont fait une guerre chirurgicale en éliminant quelques bandits qui ont opposé résistance. Ce qui est loin de convaincre l’opinion.

Des pillages, des incendies de villages tout entiers, des arrestations abusives, des exécutions… les forces de l’ordre ont semé la terreur pour rétablir la paix. L’ancienne parlementaire Louisette Raharimalala confirme que des exactions ont été bel et bien commises par la force spéciale envoyée par la HAT. Ayant déjà fait l’objet d’intimidation et de dénigrement en public, elle affiche sa détermination à défendre la population du sud. Pragmatique et résignée, elle avoue qu’il est difficile de porter plainte ou de témoigner sous peine de répression, mais elle a le devoir de parler. La HAT doit encore imposer sa vraie vérité à laquelle ses partisans sont les seuls à croire.