lundi , 6 mai 2024
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La SADC est au centre de la polémique au sein de la classe politique malgache. Le leadership de Joaquim Chissano à la tête de l’équipe conjointe de médiation est discuté. La reprise des négociations risque d’être tendue. Les quatre mouvances ont chacune leur position par rapport à l’implication de la SADC.

Réactions contre la SADC : sentiments diverses au sein des mouvances

La mouvance Rajoelina en veut à la SADC et s’en prend à Joaquim Chissano. Une manifestation contre le médiateur qui a été à l’initiative des rencontres de Maputo serait en gestation. De là à empêcher l’ancien président de la Mozambique de débarquer à Madagascar, il y a un pas politique à franchir. La proposition de refuser le visa à Joaquim Chissano n’a aucune chance d’être concrétisée.

Quoiqu’il en soit, le conseil du gouvernement dirigé par Monja Roindefo réprimande vivement la SADC. Il condamne avec énergie l’opposition faite par l’organisation régionale à la prise de parole de Andry Rajoelina à la tribune de l’ONU. Le gouvernement demande des excuses à la SADC et menace de quitter la communauté économique s’il n’obtient pas satisfaction.

La réaction est plus que passionnelle. Selon Nadine Ramaroson, ministre de la population, les Force du changement s’unissent pour condamner ce geste inacceptable. L’affront prévisible subi par Andry Rajoelina est considéré comme une atteinte à la souveraineté de l’Etat malgache. Pour le membre de la HAT Harinaivo Rasamoelina, la SADC ne pense qu’à défendre ses intérêts commerciaux.

Ange Andrianarisoa de la mouvance Ratsiraka se montre plus pragmatique. « La SADC fait partie des médiateurs, nous avons besoin d’eux s’ils nous aident à trouver une solution pour nous », dit-il. L’ancien président de l’Assemblée nationale de rappeler que le président Ratsiraka ne souhaitait pas engager Madagascar dans la SADC ni dans le COMESA malgré de nombreuses sollicitations. « Ce n’est pas un problème pour nous si on reste ou on quitte la SADC », lâche-t-il avec indifférence.

Manandafy Rakotonirina de la mouvance Ravalomanana retrouve sa verve pour dénoncer la réaction excessive de la HAT et du gouvernement Roindefo. « C’est du souverainisme primaire, c’est digne d’un village », tranche-t-il. Il ironise sur l’incapacité des tenants du régime de transition de fait à agir en tant que dirigeant d’un Etat. « Nous sommes à l’époque de la mondialisation, ceux qui ne peuvent pas suivre doivent retourner au XIXème siècle », poursuit-il.

La mouvance Zafy se montre plus discret sur l’affaire ONU et ne jubile pas pour le sérieux revers subi par les autorités de la transition. Les trois autres mouvances ne crient d’ailleurs pas au scandale ni à un non respect de la souveraineté nationale. Andry Rajoelina n’a tout simplement pas été élu ni choisi par les malgaches pour diriger le pays. Bref, c’est le « maire de Madagascar » qui a été privé de parole à l’Assemblée générale des Nations-Unies. 

Les médiateurs du Groupe international, dont les représentants de la SADC, sont attendus à Antananarivo le 03 octobre prochain. La réunion entre les quatre mouvances doit reprendre le 06 octobre. Elle sera axée sur l’application des accords de Maputo. Le prétendu gouvernement de consensus de Monja Roindefo n’est pas reconnu ni par les autres mouvances ni par l’équipe conjointe de médiation.